Mireille Deyglun brise le silence : voici pourquoi elle avait disparu de nos écrans

Cela faisait de nombreuses années que les téléspectateurs n’avaient pas vu Mireille Deyglun dans une série québécoise. L’actrice, pourtant très aimée du public, s’est faite discrète malgré elle.

Après un rôle marquant dans Ruptures, où elle incarnait une juge, elle avait tranquillement glissé en dehors du radar télévisuel… jusqu’à aujourd’hui. La comédienne signe enfin un retour attendu dans Indéfendable, où elle campe un rôle chargé d’émotion et de zones grises.

Dès mardi, elle donne vie à Stéphanie St-Amand, une mère bouleversée dont la fille Élise (jouée par Julianne Côté) est devenue paraplégique après un grave accident. Élise croit que son oncle porte une lourde responsabilité dans ce drame et souhaite entamer des procédures légales contre lui. Un conflit familial douloureux, complexe, et parfait pour la tonalité moralement trouble de la série.

«Je ne me suis jamais retirée volontairement»

 En entrevue avec l’Agence QMI, Mireille Deyglun confie qu’elle n’a jamais décidé d’arrêter la télévision. Les occasions, simplement, ne se présentaient plus.

Après son passage dans Mémoires vives, sa vie personnelle a pris un tournant majeur : son conjoint, Jean-François Lépine, a été nommé représentant du Québec en Chine. Le couple est donc parti vivre à l’étranger, loin des plateaux d’ici.

À son retour, la pandémie a tout bousculé. Les projets télé ne se sont pas présentés, même si elle est restée très active dans deux domaines qu’elle maîtrise parfaitement : la scène et la surimpression vocale, une technique de doublage qu’elle pratique depuis trois décennies et où elle agit parfois même comme directrice. Cette forme de narration vocale, où la voix traduite s’ajoute sans effacer complètement l’original est souvent utilisée dans les documentaires et reportages.

Mais malgré son expertise et son expérience, aucun rôle télé ne lui a été proposé pendant plusieurs années. Elle en rit doucement, mais on sent que la question lui a souvent traversé l’esprit :
Pourquoi n’appelait-on plus?

Sa réponse, empreinte de sagesse, lui vient de sa mère, la regrettée Janine Sutto : dans ce métier, il y a des hauts et des bas, et il ne sert à rien d’essayer de comprendre pourquoi certains moments sont creux. Mireille ajoute qu’après un long séjour en Asie, il est possible que certains aient cru qu’elle n’était tout simplement plus disponible.

Elle évoque aussi un autre facteur : l’âge. À 67 ans, elle constate avec lucidité que l’offre de rôles pour les femmes de sa génération reste limitée. Elle admire des artistes comme Guylaine Tremblay ou Sophie Faucher, qui créent leurs propres projets, mais admet que ce n’est pas son réflexe naturel.

Un rôle fort dans Indéfendable

Son arrivée dans la quotidienne judiciaire de TVA lui permet de renouer avec la complexité émotionnelle qu’elle aime tant jouer. Son personnage doit naviguer entre la souffrance de sa fille, les secrets du passé et la colère qui l’emporte parfois. On apprendra d’ailleurs que Stéphanie a eu une ancienne relation avec André Lapointe (Michel Laperrière), ce qui ajoutera une tension supplémentaire dans l’affaire familiale.

La mère qu’elle incarne n’est pas parfaite : elle fonce, elle protège, elle mord quand on touche à ceux qu’elle aime. Parfois trop. Parfois mal. Cette impulsivité ne sert pas toujours les intérêts d’Élise, mais elle la rend profondément humaine et c’est ce que Mireille Deyglun trouve passionnant à jouer.

«Une certaine justice finit toujours par rattraper le monde»

Bien que son personnage traverse une situation éprouvante, l’actrice croit qu’une forme d’équilibre existe toujours, tant dans la fiction que dans la vie réelle. Elle glisse même un parallèle à l’actualité, où certains croient “gagner” indéfiniment, avant de découvrir que tout peut basculer très vite.

Ce retour à l’écran est pour elle une bouffée d’air frais, une nouvelle rencontre avec le public… et peut-être le début d’une nouvelle série de rôles.

Une chose est sûre : Mireille Deyglun n’avait jamais quitté par choix. Et la voir enfin de retour, habitée et vibrante, rappelle à quel point elle manquait à la télévision québécoise.