Éric Dupond-Moretti interpelle Éric Lapointe en plein milieu de son intervention à Tout le monde en parle

L’émission Tout le monde en parle de dimanche soir a offert un moment rare, mêlant émotion, réflexion et humanité, alors que deux hommes que tout semblait opposer se sont rejoints autour d’un même thème : la rédemption.

D’un côté, Éric Lapointe, icône du rock québécois, était présent pour discuter de la série documentaire diffusée sur Crave, qui retrace sa vie tumultueuse, ses excès, ses succès et ses blessures. Une œuvre introspective où il se livre sans filtre sur ses démons, ses erreurs et sa reconstruction.

Durant son entrevue, Guy A. Lepage lui a posé une question délicate : après tout ce qu’il a vécu, est-il encore capable de donner et de recevoir de l’amour? Sans hésiter, Lapointe a répondu avec franchise et sensibilité. Il a parlé de sa passion pour la scène, de la chaleur de son public, et de la force qu’il tire de ses enfants, de ses amis et de son entourage. Selon lui, l’amour reste au centre de tout, celui qu’il donne, celui qu’il reçoit, celui qui l’aide à avancer.

Ce moment déjà chargé d’émotion a pris une tournure inattendue lorsqu'un autre invité du soir, Éric Dupond-Moretti, a choisi d’interpeller directement le chanteur.

L’ancien ministre de la Justice de France, connu pour son franc-parler et son immense carrière d’avocat criminaliste, était venu présenter son spectacle J’ai dit oui, inspiré de son passage en politique et de ses réflexions sur la justice humaine.

En plein cœur de son intervention, il s’est tourné vers Lapointe et lui a lancé avec bienveillance : « J’ai écouté votre témoignage tout à l’heure. Je vous ai rencontré une ou deux fois. J’aime l’artiste que vous êtes. »

Puis, dans un ton grave et réfléchi, il a poursuivi en expliquant qu'un homme ne peut pas être résumé à un geste. Même un geste malheureux. Surtout quand il est reconnu, assumé, et que la personne a purgé sa peine. Ces mots, lourds de sens, ont résonné sur le plateau. Dupond-Moretti a plaidé pour une société capable de nuance, où l’erreur ne définit pas l’individu pour le reste de sa vie.

L’avocat, souvent surnommé “l’ogre du barreau”, a rappelé que la dignité humaine réside dans la possibilité de se relever, de changer et d’apprendre de ses fautes. « Je milite pour une société plus humaine où on pense qu'un homme, même quand il a fait des conneries, même quand il a fait des choses qui sont insupportables, a accès aux changements dans sa propre vie. »

En guise d’exemple, il a évoqué Robert Badinter, figure légendaire de la justice française, dont il admirait la conviction que tout être humain mérite une seconde chance. « On a célébré Robert Badinter [Ancien Ministre de la Justice de France]. Il est entré au Panthéon. Cette possibilité pour un homme d'aller vers une amélioration de ce qu'il est, c'est une des valeurs qu'il portait. »

Ce moment a profondément touché autant Lapointe que le public. Le chanteur, visiblement ému, a acquiescé en silence, conscient de la portée de ces mots. Sur les réseaux sociaux, plusieurs téléspectateurs ont salué la sincérité et la grandeur d’âme de Dupond-Moretti, qui a su transformer un débat sur la société moderne en un plaidoyer vibrant pour la compréhension, la nuance et le pardon.

En un instant, Tout le monde en parle a cessé d’être un simple talk-show pour devenir une scène d’échange humain entre deux parcours marqués par la passion, les blessures et la volonté de se relever. Un moment de télévision comme on en voit trop peu, où le jugement cède la place à l’empathie, et où les mots deviennent des ponts plutôt que des murs.