Céline Bonnier dit honnêtement ce qu'elle pense de la fin prématurée de la série Sorcières

Lors de son passage à l’émission Bonsoir Bonsoir, Céline Bonnier a pris la parole avec une rare transparence au sujet de l’arrêt prématuré de la série Sorcières, diffusée sur TVA.

Elle y incarnait le rôle de Joanne Bussières et avait vu dans ce projet un univers riche et prometteur. Pourtant, après seulement une saison, la production a été retirée de l’antenne sans offrir la moindre conclusion aux téléspectateurs.

Officiellement, le réseau a justifié cette décision par des contraintes budgétaires, mais l’actrice demeure sceptique. Pour elle, les coupures financières n’expliquent pas tout. Elle évoque plutôt une divergence de visions entre les artisans de la série et la chaîne, voire un malaise devant certains thèmes abordés.

Selon Céline Bonnier, cette façon de mettre fin à une histoire traduit surtout un manque de considération, autant envers le public, qui s’attache aux personnages, qu’envers les auteurs, dont le travail repose sur l’idée qu’un récit doit avoir un début, un développement et une conclusion.

La comédienne a insisté sur le lien particulier qu’entretiennent les téléspectateurs avec les séries qu’ils suivent chaque semaine. Ces histoires s’invitent dans les foyers, nourrissent des conversations, suscitent des émotions partagées. Interrompre une intrigue sans offrir de finale, c’est briser ce pacte de confiance, comme si les heures investies par les spectateurs ne valaient rien.

Elle a d’ailleurs repris les propos de la scénariste Marie-Josée Ouellet, qui voyait dans cette décision une négation du métier d’auteur.

'' C'est vrai que c'est à souligner, je vais dire ça vite, c'est comme si on n'aime pas notre culture ici, puis on abandonne notre public aussi, parce que les gens... Pour vrai, moi, pour avoir écouté des séries, on s'attache aux personnages. C'est un investissement de temps aussi, apprendre à connaître ces personnages-là, leurs valeurs.

Puis tu partages des choses avec eux parce qu'ils vivent des choses. Tu en reparles le lendemain avec toi, ta famille. Ça vit dans la maison des gens.

Je ne suis pas vraiment contente de ça. Je comprends. Je comprends qu'il y a des soucis d'argent, mais je ne suis pas sûre que c'est ça le vrai enjeu. C'est quoi le vrai enjeu? Ça se dit-tu comme ça à télé? Je ne sais pas.

(...) Peut-être que ce n'était pas assez dans leur goût, je vais dire ça. Il n'y avait pas la même vision que nous. Je ne l'aurais pas parlé personnellement, mais d'après ce que je ressens, c'est ça.

Parce qu'au moins, avoir fait une finale. Voyons donc! Puis pour les auteurs... Ça manque de considération. Parce qu'une des auteurs, Marie-Josée Ouellet, elle disait, J'ai appris qu'il faut écrire un début, qu'une histoire, c'est un début, un milieu, puis une fin. Là, il n'y a pas de fin. Fait que mon métier, pour respecter, ma parole n'est pas prise en considération et pas prise au sérieux.''

Ses remarques ont résonné auprès de nombreux téléspectateurs, déjà déçus d’apprendre que Sorcières ne connaîtrait pas de suite. Beaucoup y ont vu un parallèle avec d’autres productions récentes aussi annulées sans offrir de véritable fin.

Pour Céline Bonnier, cette tendance met en lumière un problème plus vaste : une difficulté à valoriser la culture locale et à respecter le travail des créateurs d’ici.

Son intervention, sincère et sans détour, a donc lancé un débat plus large sur la manière dont les réseaux traitent les œuvres de fiction québécoises. Et pour plusieurs, son message sonne comme un rappel essentiel : derrière chaque série, il y a des artistes qui s’investissent, mais aussi un public qui mérite qu’on respecte son attachement aux histoires racontées.