Patrice Godin dévoile si on gagne bien sa vie en tant qu'acteur au Québec

Patrice Godin était récemment invité au podcast Sans Limite animé par Hugo Girard. Fidèle à son style direct, l’animateur n’a pas hésité à aborder des sujets qui piquent la curiosité du public, notamment la question des revenus des comédiens québécois.

À ce sujet, Patrice Godin a tenu à clarifier plusieurs idées reçues. Pour lui, beaucoup de gens ont une perception complètement fausse de ce métier. « Quand on travaille, oui, on est payé correctement. Mais c’est là que le bât blesse : dès que le tournage s’arrête, il n’y a plus rien qui entre », explique-t-il. Contrairement à ce que plusieurs croient, il n’existe pas de système de chômage ou de filet de sécurité adapté aux artistes du milieu. Les périodes creuses sont donc extrêmement difficiles à traverser.

Il a insisté sur le fait qu’au Québec, aucun acteur n’a un salaire qui se compare à ce qu’on peut voir à Hollywood. « Les gens s’imaginent parfois qu’on gagne comme Brad Pitt, mais je vous garantis que ce n’est pas le cas », lance-t-il en riant.

Pour bien gagner sa vie, il faut multiplier les projets : accepter des rôles au théâtre, tourner dans des séries ou au cinéma, faire de la publicité, enregistrer des voix, participer à la radio. Bref, il faut être constamment en activité. « Tu travailles, tu travailles, tu travailles… et quand tu arrêtes, ça s’arrête net », résume-t-il.

Cette réalité a été particulièrement évidente pendant la pandémie, lorsque toute l’industrie culturelle s’est retrouvée paralysée. Patrice Godin se souvient avoir fait des demandes d’aide financière, comme beaucoup de ses collègues.

Mais une fois les activités relancées, il a choisi de rembourser ce qu’il avait reçu par le biais de sa compagnie. « En 2021, j’ai beaucoup travaillé. En 2022, ça a ralenti. Et quand il n’y a plus de contrats, il n’y a plus de revenus, c’est aussi simple que ça », explique-t-il.

Cette précarité est l’un des grands défis de la profession, selon lui. Même les comédiens qui semblent omniprésents dans les médias doivent travailler sans relâche pour maintenir un revenu convenable. « Les rares qui font vraiment beaucoup d’argent, ce sont ceux qui acceptent absolument tout, qui sont partout, tout le temps. Mais ça veut dire une vie de travail sans arrêt », ajoute-t-il. Pour la majorité des acteurs, c’est plutôt une alternance de bonnes périodes et de moments d’incertitude.

Après avoir mis les choses en perspective sur la question du salaire, Patrice Godin est revenu sur ses débuts dans le milieu, à l’époque où il sortait tout juste de l’école de théâtre. Il se rappelle que Patrick Huard et lui se présentaient souvent aux mêmes auditions. « Lui voulait faire du cinéma, moi aussi. Il a percé rapidement et tant mieux pour lui. Mais à l’époque, je me disais souvent : pourquoi ce sont les humoristes qui décrochent les films, et pas les comédiens de formation ? » avoue-t-il avec franchise.

Aujourd’hui, il n’entretient plus de jalousie ni d’amertume à l’égard de ses collègues. Avec le temps, il a adopté une nouvelle philosophie de vie. « Les rôles qui m’intéressaient, je me suis battu pour les avoir, comme celui du boxeur dans 7e round en 2006. Mais maintenant, je n’ai plus cette drive-là. Je préfère être dans le vrai, dans une vie qui me ressemble davantage », dit-il.

Cette quête d’authenticité l’a mené à changer radicalement de cap. En dehors des plateaux, Patrice Godin s’est découvert une nouvelle vocation comme pompier forestier sur la Côte-Nord. Il y consacre ses étés, trouvant dans cette mission un sens concret et une proximité avec la nature qui lui manquait.

En parallèle, il nourrit une autre passion : l’ultramarathon, une discipline exigeante qui demande la même persévérance et la même rigueur que le métier de comédien, mais qui, cette fois, lui appartient entièrement.

L’entrevue complète, disponible ci-dessous, elle trace ainsi le portrait d’un homme lucide, qui ne craint pas de mettre en lumière les réalités du métier d’acteur au Québec et qui assume pleinement d’avoir pris un autre chemin, loin des projecteurs mais plus près de ses valeurs.

Bon visionnement à tous!