
Il s’est livré avec une sincérité bouleversante sur son rôle de père
Michel Barrette fait partie de ces rares artistes profondément ancrés dans l’imaginaire québécois. Humoriste, conteur, comédien, animateur, passionné d’histoires et de voitures anciennes, il traverse les décennies avec une authenticité qui touche autant qu’elle amuse.
Pour plusieurs, il est une légende, un visage familier, un raconteur unique qui a su marquer plusieurs générations.
Mais derrière la carrière impressionnante, il y a un être humain qui, comme tout le monde, a dû affronter ses zones d’ombre, ses regrets et ses remises en question.
De passage au micro de Pénélope McQuade sur RC OHdio, Michel s’est livré avec une sincérité bouleversante sur son rôle de père et sur la manière dont il voit sa vie aujourd’hui.
Quand Pénélope lui demande à quel moment il a été la meilleure version de lui-même, il ne passe pas par quatre chemins :« Maintenant. Oui, aujourd’hui. »
Selon lui, cette version plus posée, plus mature, est le résultat d’un long travail intérieur. À ses débuts, raconte-t-il, il courait dans toutes les directions. Il voulait être partout, être aimé, être reconnu, multiplier les projets… et au travers de toute cette effervescence, ses enfants arrivaient, grandissaient, attendaient.

Michel admet qu’il a longtemps minimisé son absence. Il avait l’impression d’être là, d’être présent. Jusqu’à ce que son fils Martin lui explique autrement : oui, il revenait toujours à la maison après une tournée de 15 jours en Côte-Nord ou en Abitibi, mais quand il était là, il tentait tellement de « rattraper le temps perdu » que c’en était presque étouffant.
Tellement, dit Martin, qu’il arrivait parfois qu’ils aient hâte qu’il reparte.
Ces confidences ont profondément touché Michel. Il dit avoir ressenti une grande culpabilité à cette époque : celle d’avoir mis sa carrière au centre de sa vie, bien avant sa famille.
« Je n’ai pas été le père que j’aurais dû être. »
Une phrase lourde, mais qu’il assume aujourd’hui entièrement.
Avec l’âge, Michel dit avoir gagné en sagesse, en recul et en douceur. Cette meilleure version de lui-même se manifeste dans sa façon d’aborder les autres, de regarder son passé sans se mentir, et de reconnaître les erreurs qu’il a faites, surtout comme père.

Sur le plan artistique, il fait aussi preuve d’une honnêteté désarmante. Il confie qu’il aurait pu être « moins paresseux », qu’il a souvent eu le succès facile parce que les choses fonctionnaient sans qu’il se casse la tête. Il revient notamment sur la naissance spontanée de son personnage de “IA Tremblay”, né presque par accident lorsqu’il a emprunté des vêtements à son grand-père pour faire la première partie de Marjo à Alma. Le public avait immédiatement embarqué et ce personnage a vécu longtemps.
Mais il reconnaît que cette popularité instantanée, cette facilité, lui a aussi fermé certaines portes.
« Est-ce que ça t’a empêché d’être d’autres choses artistiquement? »
— « Oui, absolument. »
Ce moment d’introspection, rare et puissant, montre un Michel Barrette qui n’a plus rien à prouver. Un homme qui regarde derrière lui avec lucidité, qui accepte ses imperfections, et qui choisit d’avancer avec ce qu’il a appris.
Un artiste mythique, certes, mais surtout un homme qui continue de se transformer et qui, selon ses propres mots, n’a jamais été aussi vrai qu’aujourd’hui.
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