Martin Matte a choisi de frapper fort lui aussi
La nouvelle est tombée comme une bombe médiatique : Jimmy Kimmel Live!, l’un des talk-shows les plus populaires et influents de la télévision américaine, a été suspendu indéfiniment par le réseau ABC.
La décision découle de propos tenus par Kimmel au sujet de l’assassinat du commentateur politique conservateur Charlie Kirk, mort le 10 septembre dernier lors d’un événement universitaire en Utah.
Bien que l’animateur ait offert ses condoléances à la famille de Kirk et dénoncé la violence, ses critiques envers certains acteurs politiques américains n’ont pas plu à de puissants groupes médiatiques. Ces entreprises exigent désormais des excuses officielles, ainsi qu’un don financier à la famille Kirk, avant d’autoriser le retour de l’émission à l’antenne.
La décision de retirer Kimmel des ondes a provoqué une onde de choc, non seulement aux États-Unis, mais aussi au Canada. Plusieurs y voient une atteinte directe à la liberté d’expression et un dangereux précédent dans un pays qui s’est longtemps targué d’être le champion du Premier amendement.
Au Québec, l’humoriste Mike Ward a été parmi les premiers à réagir vivement. Dans un long message diffusé sur ses réseaux sociaux, il a rappelé que lors de ses propres batailles judiciaires au Québec, plusieurs Américains lui avaient affirmé qu’un tel scénario de censure était impossible chez eux grâce à la protection constitutionnelle.
« Eh bien, ce qui était inimaginable il y a quelques années est en train d’arriver », a écrit Ward, qualifiant la suspension d’« impensable ». L’humoriste québécois a aussi tenu à rappeler que Jimmy Kimmel avait toujours été un ardent défenseur de la liberté d’expression, malgré son penchant politique marqué à gauche : « Oui, c’est un gars de gauche, mais il prônait une liberté totale. »
Ward ne mâche pas ses mots face à ce qu’il considère comme une intimidation orchestrée par la politique et les pressions économiques : « S’il a été retiré des ondes, c’est uniquement parce que le chef du FCC a réussi à faire peur au réseau ABC. C’est 100 % politique. Le gouvernement ne devrait pas avoir de contrôle sur ce que les artistes ont le droit de dire. Surtout pas en humour. Surtout pas aux États-Unis. » Concluant son message par un sévère « Shame on you America! », Ward a accompagné sa publication du mot-clic #JeSuisJimmy, en clin d’œil à l’élan de solidarité déjà vécu avec l’affaire Charlie Hebdo.
Très rapidement, son message a trouvé un relais de poids : Martin Matte. L’humoriste, comédien et producteur, reconnu pour ses prises de position publiques mesurées, a choisi cette fois de frapper fort. En repartageant la publication de Mike Ward, il a ajouté ces mots : « Après Colbert… Choquant, troublant, inacceptable. J’espère qu’ils vont revenir encore plus fort ailleurs. »
En citant Stephen Colbert, autre animateur américain qui a récemment subi les foudres du climat politique et médiatique, Matte souligne que Kimmel n’est pas un cas isolé, mais le symptôme d’une tendance inquiétante.
Pour les deux humoristes québécois, la question dépasse largement la personne de Jimmy Kimmel ou même celle de Charlie Kirk : il s’agit d’un combat fondamental sur les limites de l’humour, le rôle des médias et l’ingérence politique dans l’art. « Vous étiez LE symbole mondial de la liberté d’expression », écrivait Ward, avant d’ajouter que les États-Unis sont désormais « une pâle copie de la grande nation que vous étiez ».
Ce discours, empreint d’indignation mais aussi de solidarité, trouve un écho auprès de plusieurs artistes et observateurs culturels. Car au-delà des divergences idéologiques, c’est bien la capacité des humoristes et des animateurs à commenter l’actualité, parfois avec provocation, qui se retrouve menacée.
Pour Mike Ward et Martin Matte, deux figures majeures de l’humour québécois, la ligne rouge a été franchie. Et à leurs yeux, le danger est clair : ce qui se produit aujourd’hui aux États-Unis pourrait bien se propager ailleurs demain.
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