Les derniers échanges entre père et fils ont été particulièrement touchants
Marc Labrèche s’est ouvert avec une grande franchise sur sa relation avec son père, le comédien Gaétan Labrèche, dans une entrevue menée par Pénélope McQuade.
Avec la sensibilité et la profondeur qu’on lui connaît, il a dressé un portrait nuancé d’un père à la fois admiré, aimé, mais aussi source de questionnements et de blessures.
Il explique que son père avait fait du travail le cœur absolu de sa vie. Pour Gaétan Labrèche, tout gravitait autour du métier : ses amitiés, ses discussions, ses sources d’énergie. « Il se définissait tellement dans le travail », raconte Marc, qui voyait son père refuser l’idée même de vacances, comme si tout ce qui n’était pas lié à la scène ou au jeu était secondaire.
Mais derrière cette passion totale se cachait aussi une angoisse grandissante, un fardeau silencieux qui rongeait son équilibre.
En observant ce modèle paternel, Marc a choisi consciemment un autre chemin. Plein d’amour pour son père, il a toutefois décidé de ne pas reproduire cette manière de vivre. « Je ne veux pas faire ça », confie-t-il, insistant sur sa volonté de ne pas réduire sa vie à son travail, ni ses relations à son seul univers professionnel.
Pour lui, s’ouvrir à d’autres horizons, côtoyer des personnes en dehors du milieu artistique et nourrir des intérêts variés étaient essentiels pour préserver son équilibre intérieur. C’est peut-être là, dit-il, le plus grand héritage que son père lui a transmis, même si c’est par contraste.
Les derniers échanges entre père et fils ont été particulièrement touchants. Dans ses derniers instants, Gaétan a dit à Marc qu’il lui « laissait sa place », une phrase lourde de sens et d’émotion.
Pour Marc, c’était à la fois une déclaration d’amour et une confession : celle d’un homme conscient de ne pas s’être accordé à lui-même, ni à son fils, toute l’attention qu’il aurait voulu. Ces mots, livrés avec tendresse et intensité, ont marqué profondément Marc, qui y a vu une forme de réconciliation, ou du moins une tentative de transmission au-delà des non-dits.
Marc Labrèche reconnaît qu’il n’a jamais douté de l’amour de son père. Même si les grandes déclarations étaient rares, il pouvait le voir dans ses yeux, dans une tendresse discrète, parfois mêlée à la solitude et à la peine. « Je sais qu’il m’aimait, hors de tout doute », répète-t-il, tout en soulignant la complexité de cet amour voilé par les angoisses personnelles de son père.
Ce témoignage éclaire aussi l’homme et l’artiste qu’est devenu Marc. On comprend mieux pourquoi son jeu est empreint d’une telle intensité, pourquoi ses personnages oscillent souvent entre le comique et le tragique, entre la tendresse et la douleur.
La relation avec son père, marquée par l’admiration et le manque, a sans doute contribué à forger cette capacité unique de faire passer l’émotion avec autant de force et de nuances.
Au micro de Pénélope McQuade, Marc Labrèche a donc livré plus qu’une confidence : un fragment de son identité. Entre la reconnaissance d’un héritage artistique et le refus de répéter certaines erreurs, il a montré que l’amour paternel, même imparfait, reste un socle déterminant. Derrière l’humoriste flamboyant et l’acteur accompli, il y a un fils qui, encore aujourd’hui, dialogue avec la mémoire d’un père complexe, fragile et profondément humain.
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