L'auteur Michel Tremblay vend sa maison en Floride alors qu'il dénonce ce que les États-Unis deviennent

Michel Tremblay, figure incontournable de la littérature québécoise, est reconnu pour son œuvre foisonnante en tant que dramaturge, romancier, conteur, traducteur et scénariste. Son style profondément enraciné dans la culture montréalaise et son engagement pour les voix marginalisées ont marqué plusieurs générations.

Après 34 années passées à passer ses hivers et printemps sous le soleil de la Floride, Tremblay a récemment pris une décision lourde de sens : il vend sa maison de Key West.

Ce choix, qualifié par l’auteur lui-même de douloureux mais nécessaire, s’inscrit dans une prise de position morale face à la dérive politique et sociale qu’il perçoit aux États-Unis.

Comme le rapporte Luc Boulanger dans un article de La Presse, attristé par la montée du racisme, de l’homophobie et de l’intolérance, Tremblay ne se sentait plus en paix dans ce qui fut longtemps son refuge d’inspiration.

Lui qui saluait chaque matin en plaisantant ses visiteurs avec un joyeux « Another fucking beautiful day! » ressent désormais une inquiétude trop profonde pour continuer à faire abstraction de ce qui l’entoure.

Il compare l’atmosphère actuelle du pays à celle de régimes autoritaires passés, évoquant même l’Espagne de Franco ou le Chili de Pinochet, une déclaration forte venant d’un homme aussi engagé.

''Je regarde les nouvelles chaque soir. Je vois très bien ce qui se passe : le racisme, l’injustice, l’homophobie… Les agents d’ICE [Immigration and Customs Enforcement] ont commencé à arrêter des latinos à Key West.''

C’est Marie-Claire Blais qui l’avait introduit à Key West il y a plus de trois décennies, ce lieu autrefois prisé par les artistes et les écrivains, notamment LGBTQ. Aujourd’hui, cette effervescence créative s’estompe, et la peur semble avoir remplacé l’inspiration.

Michel Tremblay n’est d’ailleurs pas seul dans cette démarche : d’autres artistes québécois, comme René Richard Cyr et Serge Chapleau, songent eux aussi à quitter ou ont déjà quitté leur pied-à-terre floridien, révoltés par le climat d’hostilité et les tensions sociales qui minent l’ambiance.

À 83 ans, Michel Tremblay tourne ainsi la page sur une époque importante de sa vie. Il affirme ne plus vouloir mettre les pieds aux États-Unis, une décision définitive.

Quant à ses futurs hivers, rien n’est encore décidé. Peut-être louera-t-il quelque chose dans les Antilles françaises. Mais une chose est sûre : il cherche désormais un endroit où il pourra se sentir à nouveau chez lui, en paix, en sécurité et en harmonie avec ses valeurs.