L’incroyable histoire de Garihanna Jean-Louis, la première femme noire diplômée de l’École nationale de l’humour
Un impressionnant parcours !
C’est avec grand plaisir que j’ai pu discuter longuement avec Garihanna Jean-Louis, une femme fort sympathique, mais également très inspirante avec un impressionnant parcours. Garihanna est devenue la première femme noire diplômée de l’École nationale de l’humour au Québec et elle sera maintenant à l’animation du 8e Gala Dynastie. Elle a accepté de me raconter son incroyable histoire et vous pouvez lire notre discussion plus bas :
Pour ceux qui ne te connaissent pas, est-ce que tu peux nous parler un peu de ton parcours ?
Je vais faire une histoire courte, mais l’histoire, elle est trop longue ! (Rires) J’ai commencé l’humour en 2015. C’était peu de temps après la mort de mon père, qui est décédé en 2013 et ç’a a été l’élément déclencheur. J’habitais à Montréal et je travaillais pour le SPVM. Une fois qu’on m’a annoncé la mort de mon père, qui habitait en Haïti et qui est décédé d’une crise cardiaque, j’ai eu une sorte de crise existentielle afin de me dire « Qu’est-ce que je vais faire vraiment de ma vie ? », car je n’étais pas heureuse ou passionnée dans ce que je faisais. J’aimais ce que je faisais, sans en être attirée.
J’ai donc décidé de prendre un billet d’avion pour retourner en Haïti. J’ai fait beaucoup d’aller-retour entre Montréal et Port-au-Prince… plus qu’un colis Amazon avec la mauvaise adresse ! (Rires) Une fois que j’étais là-bas, vers le début de l’année 2015, l’École de l’humour était venue en Haïti afin de venir donner une formation. Il s’agit d’un séminaire qui durait environ une semaine à propos de l’humour et et cetera. Ma sœur m’a fait savoir que l’École de l’humour était là et moi je ne connaissais pas l’existence de l’école en tant que telle. J’ai donc pris la formation gratuite, et à la toute fin, ils ont décidé de recruter des humoristes haïtiens pour représenter Haïti au Québec pour leur festival Juste pour rire.
Je n’étais pas humoriste et j’étais seulement là pour une formation donc me dire que j’allais faire un numéro d’humour, je me disais « Mon dieu ! », mais j’ai beaucoup d’audace et j’ai écrit mon premier numéro d’humour qui parlait que j’étais trop québécoise pour les Haïtiens, et trop haïtienne pour les Québécois. Ça disait que j’étais comme une enfant qui ne se sentait à la maison nulle part, mais partout en même temps. J’ai finalement remporté le concours !
Une fois que je suis arrivé, c’est l’École de l’humour qui a payé mon billet et je suis retourné à Montréal. J’ai présenté mon numéro à la Place-des-Arts et une fois de retour dans les coulisses, après le gros stress que j’avais vécu et tout s’était super bien passé, Louise (Richer) était venue me voir pour me dire qu’elle voulait m’offrir une bourse complète en création humoriste à l’École nationale de l’humour et j’ai rapidement accepté son offre ! Voilà comment j’ai atterri en humour en création humoriste !
Si ce n’était de la mort de mon père, je n’aurais jamais fait d’humour et je n’aurais jamais connu l’existence de l’école (ENH). Me voici maintenant plusieurs années plus tard diplômée de l’école fièrement et où je vis de mon métier pleinement. J’enseigne l’humour, j’utilise l’humour, je vis de l’humour en tant qu’art, mais pas seulement de la scène. Je fais de la scène, mais je fais aussi des conférences, je donne des cours, des ateliers d’humour donc j’utilise l’humour comme médium pour faire ce que j’ai à faire dans la vie de façon générale. Et tout ce que je fais, je le fais en trois langues : en français, en anglais et en créole.
Tu as été diplômée de l’École nationale de l’humour en 2017 et tu as maintenant plus de 80 000 abonnés seulement sur Instagram. Est-ce que tu as connu une ascension rapide vers le succès ?
Pas du tout ! Tout a vraiment été une ascension graduelle. Je n’ai pas eu de succès overnight malheureusement et j’aurais bien aimé ça ! (Rires) J’ai commencé seulement sur Facebook au départ. Mais ensuite, j’ai commencé sur Instagram par la suite et ça a pris presque dix ans avant que je puisse me faire une communauté fidèle. Au début, je n’utilisais pas les médias sociaux vraiment pour faire de l’humour et c’était seulement ma famille ainsi que mes amis. Lorsque j’ai gradué de l’École de l’humour, ma photo est devenue virale, mais pas vraiment sur les médias sociaux et les gens sont devenus curieux par rapport à ça.
Ta photo est devenue virale pour quelle raison exactement ?
Les gens sont devenus curieux puisque lorsque j’ai publié ma photo de graduation sur ma page Facebook, les gens m’ont félicité, à commenter et partager. Et ç’a attiré l’attention de nombreux médias et je suis même passée à CBC ainsi que Radio-Canada puisque j’étais la première femme noire diplômée de l’école.
C’était quelque chose qui sortait un peu de « nul part » pis ç’a comme sonné un son d’alarme pour tout le monde qui ont fait « Pardon ? Ça fait plus de 35 ans que l’école existe et je suis la première femme noire ? » alors que moi, je l’ai fait pour être original avec ma photo de finissant et finalement, ça a été un moment historique et c’est comme ça que ma photo est devenue virale ! Pas vraiment sur les médias sociaux, mais plutôt dans les médias traditionnels. Les gens se sont intéressés à mon histoire, avant de s’intéresser à mon art.
Est-ce que tu as été invitée sur des spectacles ou des évènements après tout ça ?
Pas vraiment, non ! Et c’est la raison pour laquelle j’ai fondé mon entreprise avec ma sœur. Les gens voulaient que je parle de mon histoire, mais sans vraiment s’intéresser à ce que j’avais à dire sur scène. La communauté noire de façon générale, et haïtienne particulièrement, avait énormément de fierté dans leurs cœurs et dans leurs âmes. Mais les soirées d’humour, ça ne passe pas nécessairement dans la communauté haïtienne et c’est quand même récent pour nous aussi.
Donc ma sœur et moi, quand on a réalisé qu’on n’était pas vraiment invité nulle part ou quoique ce soit, on a décidé de faire nos propres affaires en lançant notre entreprise, qui porte le nom de Les Sœurs Jean-Louis Inc. Ma sœur, elle est humoriste et médecin. Donc, on s’est lancé ! On a fait notre premier spectacle en tant que duo au Théâtre Rialto et il y avait salle comble avec 1300 personnes. Puis, les gens m’ont découvert dans tout mon univers, dans mes histoires et dans mon humour. On a continué à s’autoproduire et on a été invitée à plusieurs festivals.
Pour être honnête avec toi, on a été à plusieurs évènements et j’ai été invité à l’international avant d’être invité sur l’échelle nationale. J’ai été invitée à participer aux festivals d’humour de la Guadeloupe, de la Martinique, du festival du rire en Haïti… j’ai voyagé énormément, même aux États-Unis… j’ai été en Écosse… j’ai tellement fait de choses pour finalement avoir, entre guillemets, la reconnaissance sur le territoire du Québec. J’ai remporté des prix, notamment avec la révélation de l’année, humoriste de l’année et comédienne de l’année, pour finalement arriver sur le territoire Québécois et on m’a dit « Tu as fait beaucoup de choses ! Tu étais où ? » et je répondais « Ben j’étais là ! ».
Aujourd’hui, est-ce que tout va mieux de ce côté ?
Absolument ! Oh oui, là je suis surbookée ! Je suis comme une sorte de denrée rare. C’est bon pour le portefeuille, mais en même temps c’est triste. Oui, tu as du talent. Mais on t’invite aussi parce que tu remplis un quota. On a une fille, pis la fille elle est noire en plus, donc on a comme un deux pour un. Ça, je l’ai vu plusieurs fois et trop de fois.
Tu fais aussi de la télévision. Est-ce que tu aimerais participer à des émissions ici ? Est-ce qu’une aventure comme Big Brother Célébrités pourrait t’intéresser ?
Certainement ! Pourquoi pas ? (Rires) Moi j’ai toujours voulu faire un peu de téléréalité, mais ça dépendrait du type d’émission ! Mettons que je ne me verrais pas dans Occupation double ou Loft Story ! (Rires) Mais des jeux de stratégies ou de compétitions, oh oui, absolument !
Prochainement, tu animes le 8e Gala Dynastie. Qu’est-ce que cela représente pour toi ?
Beaucoup de fierté ! Je suis contente et c’est une célébration, pas seulement pour moi, mais pour toute une communauté et pour toute la société. C’est un honneur d’avoir le privilège d’être à l’animation du Gala, qui existe depuis maintenant 8 ans pour célébrer l’excellence de la communauté noire.
Il faut se rappeler entre nous, mais également à tout le monde, que nos parcours sont valides et qu’on mérite d’être célébré autant que n’importe quelle personne. Ça fait du bien ! Je suis contente d’être une sorte de véhicule pour partager cet amour-là et cette célébration-là. Ce n’est pas une soirée qui est uniquement exclusive à la communauté noire, mais c’est une soirée où la communauté noire est à l’honneur et ça, c’est beaucoup de fierté et d’amour dans mon cœur. De l’amour que je vais pouvoir retransmettre pendant la soirée.
Une femme fort sympathique, attachante et très inspirante ! Bravo ma chère Garihanna et on te souhaite encore beaucoup de succès pour la suite !
Pour plus d'informations sur le 8e Gala Dynastie, cliquez ICI.
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