Jocelyne Cazin revient sur le décès de Gaétan Girouard et dévoile comment elle s'est sentie

Vingt-six ans après la mort tragique de Gaétan Girouard, Jocelyne Cazin s’est confiée avec émotion sur le deuil qui a marqué sa vie.

Invitée au balado Pis après ?, la journaliste est revenue sur le choc immense qu’elle a vécu à la suite du suicide de son ancien collègue et ami, survenu en 1999.

« Gaétan avait 33 ans lorsqu’il est parti. Ça a été le deuil de ma vie », a-t-elle confié avec une sincérité désarmante. Encore aujourd’hui, elle admet que la blessure reste vive : « On est en 2025, et on me parle encore de lui. » La disparition du journaliste vedette de TVA avait profondément bouleversé le Québec, tant par la notoriété du jeune homme que par la brutalité de l’événement.

Jocelyne Cazin se souvient du premier sentiment qui l’a envahie : la colère. « J’étais fâchée contre lui. » Puis sont venus la tristesse et, surtout, la culpabilité. Deux jours avant le drame, elle avait convoqué Gaétan pour discuter, pressentant qu’il n’allait pas bien.

Elle avait remarqué son air fatigué, son regard éteint, et cette détresse qu’il dissimulait derrière un professionnalisme sans faille.

" Je vais te parler de Gaétan. Il avait 33 ans lorsqu'il s'est suicidé. Ça a été le deuil de ma vie parce que d'abord, ça a été le deuil le plus médiatisé. Puis tu sais, on est en 2025, au moment où on se parle, puis on me parle encore de Gaétan Girouard.

Le premier sentiment que j'ai eu, ça a été la colère. Après ça, ça a été la tristesse. Et ça a été la culpabilité pendant longtemps. parce que je l'avais convoqué deux jours auparavant, parce que je savais qu'il n'allait pas bien. "

Voyez une séquence du balado ci-dessous, on vous dépose l'épisode au complet par la suite.

Voyez maintenant le balado entier ci-dessous:

Avec le recul, la journaliste reconnaît avoir porté ce poids pendant des années. Aujourd’hui, son message est clair : il faut parler, surtout pour les hommes qui ont tendance à tout garder pour eux.

« Je veux dire aux hommes qu’exprimer ses émotions, ce n’est pas une faiblesse. C’est ce qui peut sauver des vies », a-t-elle affirmé dans une entrevue pour Le Devoir l'an dernier, espérant que le témoignage de Gaétan continue de servir d’exemple et de réflexion.

À la fin des années 1990, Gaétan Girouard était au sommet de sa carrière. Brillant, ambitieux et passionné, il incarnait le journalisme d’enquête à son apogée. Avec Jocelyne Cazin, il formait un duo redouté à l’émission J.E. : caméra cachée à la main, ils traquaient fraudeurs, escrocs et criminels sans relâche, n’hésitant pas à confronter leurs sujets sur le terrain. Ce style audacieux et percutant, inspiré du journalisme d’investigation américain, avait fait de lui une véritable vedette.

Mais derrière cette image de justicier des ondes, Gaétan vivait une pression constante. Les poursuites judiciaires, les menaces, les critiques : tout cela finissait par peser lourd. Plusieurs collègues de l’époque, dont Alain Gravel, ont déjà reconnu ce danger propre au métier : celui de se croire investi d’une mission morale, au point d’oublier de prendre soin de soi.

Dans ce contexte, Jocelyne Cazin comprend mieux aujourd’hui à quel point son ami était épuisé, rongé par une anxiété croissante. « Le journalisme d’enquête, c’est grisant, mais c’est aussi destructeur quand on n’arrive plus à décrocher. Gaétan portait sur ses épaules le poids de ses reportages, de ses combats. »

Le décès de Gaétan Girouard avait provoqué un véritable choc collectif au Québec, soulevant des discussions sur la santé mentale dans les médias – un sujet encore tabou à l’époque. Deux décennies plus tard, Jocelyne Cazin souhaite que son témoignage serve à rappeler l’importance de l’écoute, de la bienveillance et du dialogue.