
Il raconte que ses collègues sont les premiers à rire
Si le public le connaît surtout grâce à son rôle marquant d’adjuvant Jean-Moïse Caron dans la série « Les Armes », Jérémie Jacob mène en réalité une existence bien plus singulière qu’on pourrait l’imaginer.
Acteur, humoriste… et travailleur de la construction, il jongle sans cesse entre plateaux de tournage et chantiers poussiéreux, tout en portant fièrement les couleurs de la communauté LGBTQ2S+ dont il fait partie.
Pour lui, naviguer entre ces univers, c’est aussi l’occasion de casser des clichés. Autant ceux liés à son apparence que ceux concernant les milieux où il évolue.
Parlant de la série, Jérémie ne cache pas sa reconnaissance. Se retrouver aux côtés de comédiens comme François Papineau et Frédéric Millaire Zouvi, pour lui, c’est énorme. Chaque saison lui a permis de grandir, de découvrir de nouveaux partenaires de jeu et de créer des liens qui dépassent largement le cadre professionnel.
Il raconte, le sourire dans la voix, dans une entrevue avec le magazine 7 Jours, que certaines de ces rencontres se sont transformées en amitiés profondes, au point que plusieurs collègues de « Les Armes » étaient présents à son mariage. Parmi eux, l’actrice Penande Estime, une complice de longue date avec qui il a enfin pu partager l’écran. Pour Jérémie, tourner cette série, c’est comme faire partie d’une grande famille.
L’univers de l’armée, pour lui, c’était un territoire inconnu. Il vient d’un environnement familial très éloigné du monde militaire : une famille de gauche, intellectuelle, où l’armée n’était pas quelque chose de valorisé ni même discuté.
Adolescent, il avait pourtant envisagé cette voie pour trouver un cadre plus strict, mais ce n’était pas une idée qui faisait l’unanimité chez lui à la maison. Ironiquement, c’est grâce à « Les Armes » qu’il a finalement pu déconstruire les préjugés qu’il transportait depuis toujours. En travaillant de près avec les experts qui conseillent la production, il a découvert une culture, une philosophie et une réalité beaucoup plus nuancées qu’il l’imaginait.
Quand il n’est pas devant une caméra, Jérémie enfile bottes, lunettes protectrices et gants de travail. La construction fait partie intégrante de sa vie, un métier qu’il apprécie autant pour le défi physique que pour l’ambiance franche et bon enfant des chantiers.
Il raconte que ses collègues sont les premiers à rire lorsqu’ils le voient passer de la télé aux marteaux et aux sacs de gravats. Son employeur, fort heureusement, est très compréhensif face à ses horaires atypiques. Actuellement, il travaille sur la démolition complète de l’intérieur d’une maison, une tâche exigeante mais qui, selon lui, garde l’esprit vif et le corps en forme.
Pour durer dans ce milieu, il faut trouver le rythme, accepter l’effort, et même y trouver un certain plaisir. Autrement, dit-il, on ne reste pas longtemps.
En plus de jouer et de faire de la construction, Jérémie fait aussi de l’humour. Pas étonnant, selon lui : il vit avec un TDAH, ce qui l’amène naturellement vers des milieux où il y a de l’action, du défi et de l’intensité. Il avoue en riant que beaucoup de gens comme lui se retrouvent dans des univers extrêmes : les sports à risque, les métiers manuels… ou les arts de la scène.

En discutant avec des militaires dans le cadre de la série, il a découvert chez eux plusieurs traits qu’il reconnaît également en lui : l’hyperfocus, le besoin de structure, le goût du dépassement, et les difficultés à performer dans des cadres scolaires traditionnels. Ces échanges lui ont permis de mieux comprendre sa propre façon de fonctionner.
En août dernier, Jérémie a épousé la femme de sa vie dans un décor à la fois intime et flamboyant : la distillerie Fove, où travaille sa conjointe. Leur mariage n’avait rien d’ordinaire. Le thème de la soirée était clair : « Viens habillé pour voler la vedette à la mariée. » Résultat? Des robes démesurées, des complets à paillettes, des costumes extravagants… un défilé d’audace et de couleurs qui résumait parfaitement leur esprit.
Et comme s’il fallait un moment encore plus mémorable, Jérémie avait demandé à son ami lutteur Olivier Roberge de faire irruption en plein milieu de la cérémonie. Le duo a improvisé une scène de lutte devant des invités hilares.
À travers tout ça, ce qui frappe chez Jérémie Jacob, c’est sa liberté. Il refuse de se limiter à un seul métier, un seul milieu, une seule identité. Il navigue avec aisance entre les univers, casse les stéréotypes et s’assume pleinement, autant devant un public que sur un chantier.
Qu’il porte un costume militaire, un casque de construction ou un micro d’humoriste, il est toujours lui-même : intense, curieux, authentique et profondément humain.
Et ça, c’est peut-être ce qui le rend aussi fascinant.
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