
'' Ça m'est resté... c'est ridicule ''
Emmanuel Bilodeau était de passage à l’émission Sauve qui peut!, animée par Pierre-Yves McSween sur RC Ohdio, afin de discuter ouvertement de son rapport à l’argent.
Fidèle à l’esprit de l’émission, qui aborde les finances personnelles avec rigueur mais aussi avec une touche d’humour et de légèreté, le comédien a livré un témoignage à la fois drôle, touchant et révélateur.
Issu d’une famille de 12 enfants, Bilodeau a grandi dans un environnement où la notion de partage n’était pas une option, mais une obligation. Tout se passait en commun : les chambres, les vêtements, les patins et parfois même les sous-vêtements.

Cette enfance marquée par la restriction a laissé des traces dans sa vie adulte. Il raconte, par exemple, que ses parents vivaient dans un bungalow à Sainte-Foy, où lui et plusieurs de ses frères dormaient dans le sous-sol. Les repas au restaurant étaient inexistants, impensables pour une famille de 14 personnes et l’achat d’une voiture s’est fait tardivement, avec un vieux station wagon usé qui transportait tout le monde à la bonne franquette.
Ce mode de vie, dicté par la nécessité, a inculqué à Emmanuel Bilodeau une grande prudence face à l’argent. Même une fois devenu comédien et ayant enfin les moyens de s’offrir quelques plaisirs, il avoue avoir longtemps gardé le réflexe de vérifier la facture, de compter chaque dépense et de se priver des « extras » comme les entrées au restaurant.

Pour lui, le simple fait de s’asseoir dans un établissement représentait déjà un luxe. Ces habitudes, qu’il qualifie lui-même de tenaces, viennent directement de son père, qui prônait l’économie et la simplicité bien avant que des concepts comme le compostage ou le recyclage deviennent des gestes environnementaux à la mode.
'' Je pense qu'on a été élevé tellement dans une certaine restriction. Mon père nous disait On a réussi à avoir une maison, un bungalow à Sainte-Foy. Moi, je dormais dans le sous-sol, on était cinq... Grâce au fait qu'on économisait notre argent, on n'allait pas au restaurant, parce qu'imagine un restaurant à 14 personnes.
Il y a eu une voiture très tard, c'était un vieux station wagon, moitié en bois, moitié en métal. On était 14 pas attachés là-dedans. Ce n'était pas très cher. Mes parents étaient dans la restriction de tout. On compostait et on recyclait parce que c'était par besoin, ce n'était pas par environnementalisme.
On a tous fait ça. Ça nous a été légué. Même quand j'ai de l'argent, les premières années où je faisais des sous en sortant de l'école de théâtre, j'allais au resto et je checkais la facture, je checkais les coûts. Je ne prenais pas d'entrée parce que j'avais hérité de mon père que d'aller au resto, il faut vraiment faire attention. Déjà, c'est un luxe d'être au resto. On n'exagère pas. Ça m'est resté. C'est ridicule. ''
Dans une autre entrevue, il y a quelques années, le frère d'Emmanuel, Maxence, avait fait d'autres révélations sur leur enfance.
Il racontait que lorsqu’il était jeune, il ne s’est trouvé en tête-à-tête avec son père qu’une seule fois. « Je ne sais pas comment ça se fait, mais la maison est vide. Il y a mon père et moi. Il me fait un biscuit avec un peu de glaçage au cacao et il me le donne. C’est le seul souvenir que j’ai. »
Lors des rares sorties familiales, qui demandaient beaucoup de préparation, ses parents étaient très nerveux « Sur le bord d’un lac, ils passaient leur journée à nous compter. Ils avaient toujours peur qu’on se noie ou qu’il y en ait un qui disparaisse dans le bois. Ils nous comptaient sans arrêt ».
À travers ce récit, Emmanuel Bilodeau a montré à quel point son éducation familiale continue d’influencer sa manière de consommer, même aujourd’hui. Sa participation à l’émission de Pierre-Yves McSween a permis d’illustrer de façon concrète comment nos expériences d’enfance façonnent notre rapport à l’argent, et comment certaines habitudes, même jugées « ridicules » par lui-même, restent profondément ancrées.
Cette entrevue, ponctuée d’anecdotes savoureuses et d’autodérision, a permis non seulement de mieux connaître l’homme derrière le comédien, mais aussi d’apporter une réflexion plus large sur l’éducation financière et l’héritage familial.
Elle s’inscrivait parfaitement dans la mission de l’émission : rendre accessibles les enjeux de consommation en leur donnant une dimension humaine et parfois même émotive.
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