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De Matane aux plus grands couturiers du monde : l'histoire hallucinante d'Ève Salvail

Un parcours qui n'a rien d'ordinaire !

Cimon Asselin

L'histoire d'Ève Salvail est tout simplement fascinante ! De Matane aux plus grands couturiers de la planète, cette femme sympathique aux multiples talents affiche une feuille de route qui n'a rien d'ordinaire. À Tokyo, elle s'est fait faire un tatouage qui aura finalement changé le reste de sa vie. Je vous invite à découvrir mon entrevue avec elle plus bas.


- Pour nos lecteurs qui ne te connaissent pas, est-ce que tu peux nous parler un peu de ta feuille de route ?


J’ai commencé ma carrière en tant que mannequin et c’est comme ça que j’ai été découverte par Jean-Paul Gaultier dans les années 90.

Puis, c’est ce qui m’a finalement donné le tremplin pour tout le reste dans ma carrière. Je suis une artiste multidisciplinaire. En plus d’être mannequin, je suis autrice, conférencière, DJ, broker à Wall Street, animatrice télé, actrice, productrice, designer de vêtements, directrice de night clubs donc je fais beaucoup de choses ! 


- Tu es originaire de Matane ? 


J’ai grandi à Matane et j’ai eu la chance de me retrouver avec une famille d’artistes. J’ai eu une enfance extraordinaire ! Étant une artiste moi-même, je me suis vraiment épanouie avec eux. 


- En 1989, tu remportais le concours « Devenir Mannequin » du magazine Clin D'Œil au Québec. C'est à partir de ce moment que ta carrière s'est propulsée ?


Pas nécessairement ! Parce que le concours Clin D’Œil m’a donné un petit tremplin dans la mode et il m’a donné l’opportunité d’aller à Tokyo afin d’acquérir un peu d’expérience de mannequin.

Cependant, c’est à partir du moment où j’ai rasé mes cheveux et où j’ai fait mon tatouage sur la tête, qui a été réalisé à Tokyo, c’est là que tout a déboulé très rapidement. Très peu de temps après, Jean-Paul Gaultier m’a découvert ici, à Montréal.


J’avais fait des photos avec Carl Lessard qui étaient exposées dans un café et tout le monde qui voyait ce look-là et qui était un peu plus « outside the box » dans leur manière de voir ou d’être dans leur art, ils ont accroché tout de suite.

Puis, tout a été très très très vite. D’être la muse de Jean-Paul Gaultier aussi rapidement, c’était peut-être même trop vite pour moi. J’avais de la difficulté au début. 


- C'était impressionnant de côtoyer Jean-Paul Gaultier ?


J’étais très impressionnée ! C’est un artiste extraordinaire, donc je voyais bien à quel point c’est normal qu’il connaisse autant de succès et qu’il soit connu comme ça, étant si bon dans son art. Moi, ce qui était le plus surréaliste, c’était de me faire reconnaître partout parce que j’ai grandi à Matane ! En fait, je dis Matane, mais c’est entre Saint-Ulric et Matane. J’étais dans les rangs là !


Et soudainement, de voir que tout le monde connaissait mon nom, ça m’a pris une période pour m’y habituer puisque moi je ne les connaissais pas. Tsé quand quelqu’un connaît ton nom et il connaît ton parcours, mais que toi tu ne les connais pas nécessairement, donc c’est bizarre puisque c’est comme si, tout d’un coup, tu n’as plus d’intimité. J’appelais beaucoup ma mère et mon dieu qu’elle a été là pour moi ! 


De Matane aux plus grands couturiers du monde : l'histoire hallucinante d'Ève Salvail
Boy George et Ève Salvail

- Puis, c'est ensuite que tu collabores avec plusieurs compagnies très importantes ? 


Exact ! J’ai fait la campagne publicitaire de Versace et Jean-Paul Gaultier, je faisais toutes ses commerciaux et ses campagnes publicitaires. Puis beaucoup d’autres grands noms du design. Je faisais leurs shows et leurs photos de magazines.

J’ai fait Chanel, Ralph Lauren, Calvin Klein… j’en ai tellement fait, que c’est plus facile de nommer ceux que je n’ai pas faits ! (Rires) Ça allait très vite, j’étais très en demande et c’était beaucoup d’attention. Donc c’est difficile pour une petite fille de Matane, qui se voit juste comme une petite de Matane, de tomber dans un milieu comme ça où tout est exagéré. 


- Un grand mélange d'émotions ! Est-ce que c'était également effrayant pour toi tout ça ? 


Oui ! Je pense que j’étais chanceuse, d’un côté, puisque je ne savais pas vraiment qui était qui dans le milieu de la mode. Jean-Paul Gaultier, je ne savais pas qui il était au départ, Karl Lagerfeld non plus et Chanel non plus.

Je n’en avais pas vraiment connaissance, donc ça faisait en sorte que je n’étais pas aussi impressionnée que si j’avais connu ces noms-là dès le départ. Quelques années plus tard, j’étais comme « Ayoye, je ne peux pas croire que j’ai fait ça » !


Il y a un sentiment de cendrillon aussi dans tout ça parce que tu arrives dans les coulisses d’un défilé de Chanel avec tes vieux souliers Converse et avec des jeans troués, et là tu te changes en princesse. Tu mets des robes qui valent des milliers et des milliers de dollars. Tu te retrouves avec des femmes qui sont tellement belles. Moi j’avais le sentiment de l’imposteur, car j’étais une petite punk de Matane qui sacrait aux deux mots donc je ne fitais pas. 


- Est-ce que tu as tissé des liens au fil du temps, notamment avec Jean-Paul Gaultier ?


On avait de super beaux liens ! J’ai vraiment eu une carrière extraordinaire et j’ai fait des rencontres extraordinaires dans le milieu de la mode aussi ! On pense souvent que c’est très « dans le paraître » et très « à la surface », mais j’ai vraiment eu de très belles amitiés avec ces gens-là.


Et c’est très impressionnant de les voir travailler ! Ce n’est pas pour rien qu’un gars comme Karl Lagerfeld s’est rendu aussi haut que ça puisque c’est incroyable le talent qu’il a. 


De Matane aux plus grands couturiers du monde : l'histoire hallucinante d'Ève Salvail
Ève Salvail Instagram

- Tu as également joué dans quelques films, dont Zoolander avec Ben Stiller ? 


Oui ! J’ai fait plusieurs films. J’ai essayé puisque c’est une opportunité qui s’est présentée à moi, mais j’ai moins aimé ça. J’ai sorti un livre qui s’intitule « Soit toi et t’es belle » et ça vient du fait qu’on m’a dit sois belle et tais-toi toute ma carrière de mannequin et ça fait partie de la game.


Quand on est mannequin, il faut être belle et se taire. Donc je pense que c’était plus difficile pour moi de démontrer mes émotions. Je suis tellement bien entraîné à garder tout en dedans, que c’est plus difficile pour moi de jouer. 


- Tu es une personne qui aime être libre dans ses choix, donc j'imagine que c'était difficile pour toi de ne pas toujours pouvoir t'exprimer ?


C’était très difficile et c’est également une des raisons pour laquelle j’ai fait face à des troubles de consommation. Puis, c’était aussi un moyen pour moi de composer avec la pression.


En 2016, j’ai demandé de l’aide et c’est la meilleure chose que j’ai jamais faite de ma vie entière, de demander de l’aide. Pis en voyant que l’aide est venue à moi, ça m’a inspiré à continuer à demander de l’aide pour d’autres niaiseries que je me disais « Ben non, je suis correct… je vais être correct là… »


Ça m’a pris des années, parce qu’il y a beaucoup de honte qui accompagne tout ça. Ça m'a aussi pris des années pour apprendre comment vivre sans l’alcool et sans la béquille que les substances me donnaient. 


De Matane aux plus grands couturiers du monde : l'histoire hallucinante d'Ève Salvail
Sois toi et t'es belle - par Ève Salvail

- Tu es ambassadrice pour le Festival de Seine Canada


Exactement ! Le Festival Seine Canada, c'est un festival de culture urbaine alternative québécoise. Pourquoi j'ai accepté d'être ambassadrice pour le festival ? Parce que je trouve que ce festival-là me ressemble beaucoup.

Dans le sens que les évènements qui vont être là, ils font briller plusieurs types d'arts. Ce n'est pas simplement une exposition visuelle. C'est du street art, du break dance, de la mode, de la musique, du skateboard… il y a de tout ! Comme je suis artiste multidisciplinaire, je trouve que ça me ressemble beaucoup !


Il y a aussi de la gastronomie, de la danse, de l'opéra, des évènements insolites… il y en a tellement qu'à chaque fois que j'en parle, j'en oublie la moitié ! (Rires)

Ça se déroulera en plein cœur de Paris et en même temps que la plage horaire des Jeux olympiques de Paris et des Jeux paralympiques de Paris, du 26 juillet au 8 septembre 2024.


L'évènement se déroule au Fluctuart, un centre d'art urbain à Paris dans le 7e arrondissement. C'est tellement beau comme endroit ! C'est tout vitré donc on le voit de l'extérieur et il y a beaucoup de va-et-vient. On est curieux quand on passe proche, notamment avec la musique et la lumière qui sort de là !

Un endroit magnifique pour recevoir un tel évènement ! Ce festival-là, c'est également de mettre en lumière le street art canadien et aussi la collaboration entre les mentors, l'art canadien, québécois et français. La collaboration entre les membres de la francophonie internationale ainsi que de grands donateurs qui vont s'afficher à cet endroit. 


Vous pouvez visite le site de Seine Canada en cliquant ICI


- En terminant, quels sont tes projets pour les prochains mois ?


Présentement, je travaille également sur ma fondation, la fondation Ève Salvail qui vient en aide à la violence conjugale. On commence à en parler peu à peu. Nous avons une levée de fonds avec un Go Fund Me et c'est tout récent. On a débuté il y a deux semaines. 


Voici la mission de la Fondation Ève Salvail : 



Créer un lieu d’hébergement où les victimes de violence conjugale et leurs enfants peuvent trouver un refuge temporaire, se ressourcer en pleine sécurité et dans un état d’esprit qui favorise le bien-être et la confiance dans un avenir meilleur.

Assurer la présence de personnel formé pour traiter et prévenir les problèmes auxquels ces familles peuvent être confrontées en offrant des programmes de counseling et d’intervention qui sont en mesure de contribuer à leur prise en charge personnelle et faciliter le retour à une vie saine dans le quotidien.

À cette fin, il est prévu d’aménager des espaces intérieurs et extérieurs pour faciliter la mise en œuvre de diverses activités destinées aux femmes et à leurs enfants. Ces activités peuvent être de nature spirituelle ou physique.

Les dons, legs et autres contributions de même nature en argent, en valeurs mobilières ou immobilières (équipements de sport, de jardinage, etc.) seront administrés pour soutenir la mission de la Fondation Ève Salvail, de même que pour assurer la qualité des programmes d’activités dans un environnement naturel et confortable, et dans un cadre conçu selon les dernières tendances écologiques.


Pour contribuer au Go Fund de la Fondation Ève Salvail, cliquez ICI
Pour visiter le site web de la Fondation Ève Salvail et en apprendre davantage, cliquez ICI


Merci pour cette superbe entrevue ma chère Ève ! Quelle histoire incroyable ! 

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Source: Monde de Stars