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Serge Denoncourt dévoile avoir été agressé sexuellement par Edgar Fruitier

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Dans un texte percutant, le metteur en scène Serge Denoncourt  revient sur la condamnation d’Edgar Fruitier et explique avoir lui même été vicitime d’attouchement dans le passé.

Fin août, Edgar Fruitier était condamné à six mois de détention pour avoir agressé sexuellement à trois reprises un adolescent. Dans une carte blanche offerte par La Presse à Serge Denoncourt, le metteur en scène a décidé de revenir sur cette décision du juge que plusieurs ont jugé sévère.

Il explique par la suite avoir été, lui aussi, une victime d’Edgar Fruitier il y a plusieurs années

« Jean-René Tétreault a eu le courage de dénoncer son agresseur et je l’en remercie. Nous devrions tous l’en remercier.

Pourtant, rapidement, sur les réseaux sociaux, les commentaires n’ont pas tardé à surgir. Des commentaires de gens du milieu des arts se sont manifestés pour défendre, plaindre M. Fruitier, se désoler pour lui. Des confrères et consœurs, acteurs, actrices, autrices, écrivains, ont déploré ce jugement sur Facebook :

« Pauvre Edgar »

« Inhumain »

« Oh mon Dieu ! »

« Aucun sens »

« Homophobie du juge »

« Cette sentence est démesurée. »

Démesurée ? Vraiment ?

Cet homme a abusé d’un jeune à plusieurs reprises. Cet homme protégé par le milieu (mon milieu), et ce, depuis longtemps. Depuis toujours. On savait. On savait tous.

Edgar Fruitier fréquentait régulièrement de jeunes hommes, souvent acteurs. Des garçons qui devaient subir ses attouchements et ses insistances. Avec nous tous, ses confrères, qui faisions mine de rien.

J’en parle parce que j’ai moi-même subi les attouchements de M. Fruitier.

En 1984, j’étais un jeune acteur et je partageais une loge avec Edgar. La production avait pensé que ce serait rigolo de nous faire cohabiter dans une pièce minuscule, porte close. Dans une loge où je m’habillais et me déshabillais chaque jour, parfois deux fois par jour, pendant six semaines. Rapidement, j’ai subi les attouchements, les harcèlements, les tripotages insistants et fougueux de M. Fruitier. Dans ma loge. Seul avec lui.

J’avais 22 ans à l’époque et j’avais déjà un caractère bien trempé. Je n’ai gardé aucune séquelle de cet épisode. Je n’ai aucun traumatisme. Pourtant, pour un jeune acteur qui veut faire carrière, repousser et dénoncer Edgar Fruitier était périlleux. Il était un gentil monsieur, à l’orée de la quarantaine. Aimé de tous. Parfois moqué. Personne ne voyait rien de bien grave dans ses écarts de comportement. C’était l’époque. C’était comme ça. Edgar n’était pas le seul. D’autres aussi en profitaient et nous étions tous complices.

Bien qu’inquiet des conséquences de mon geste, j’ai pris mon courage à deux mains et j’ai décidé d’en parler à la direction du théâtre. La réponse : « Cher Edgar ! »

Énoncé avec un sourire complice à mon égard. J’étais maintenant dans le secret.

Désemparé, j’en ai parlé avec mes confrères, acteurs et actrices séniors et de grand talent. Leurs réactions : « Pauvre Edgar… »

Pourquoi « pauvre Edgar » ? C’était moi, la victime. Pas lui.

« Mais il a toujours été comme ça. Il aime les jeunes hommes. Il les a toujours aimés. Mais ça ne marche jamais. Tu n’as qu’à le repousser gentiment mais fermement. Pauvre Edgar. »

Je le répète. Je n’ai jamais eu de séquelle grave ou de traumatisme insurmontable causés par ces inconduites. Un malaise dans la loge, bien sûr. Un inconfort à son contact, évidemment. La peur d’avoir saboté ma jeune carrière, oui. C’est à peu près ça.

Mais quand je pense à Jean-René Tétreault et à tous ceux qui ont subi les attouchements et les abus sexuels d’Edgar Fruitier et qui se sont tus, qui n’ont pas voulu dénoncer parce qu’ils avaient peur des représailles ou des conséquences néfastes pour leur carrière, qui en ont gardé un souvenir douloureux, je suis troublé. » explique-t-il dans le journal.

Un message percutant qu’il est possible de lire en intégralité dans le journal La Presse.

Source: La Presse