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Léa Clermont-Dion affirme avoir été agressée sexuellement par un québécois bien connu
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Léa Clermont-Dion affirme avoir été agressée sexuellement par un québécois bien connu

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Les jours se suivent et se ressemblent, alors qu'une autre personnalité publique a affirmé, jeudi, avoir été victime d'une agression sexuelle. Cette fois, c'est Léa Clermont-Dion qui affirme que l'ancien journaliste Michel Venne l'a agressée alors qu'elle n'avait que 17 ans.

Nous connaissons Léa grâce à la série documentaire Mitsou et Léa, qu'elle co-anime avec Mitsou Gélinas et qui vise à mettre en lumière des femmes uniques. 

Elle est aussi auteure du livre La revanche des moches

Rappelons que Michel Venne est un écrivain, journaliste et éditorialiste québécois, mais il était surtout l'une des personnalités du journal Le Devoir. Il est également directeur-fondateur de l'Institut du Nouveau Monde.

Dans la foulée du #MoiAussi, elle avait laissé sous-entendre que elle aussi avait été victime en publiant le message suivant:

«Quand dénoncer porte fruit, enfin. By the way, #moiaussi .»

Mercredi, elle a officiellement porté plainte à la Sûreté du Québec contre son ancien patron, un homme qu'elle considérait comme son idole.

Voici la dénonciation qu'elle a partagé sur sa page Facebook:

«Depuis plusieurs années maintenant, j’ai été honnête avec vous, je vous ai partagé mes convictions, mes idées, mes états d’âme, mes préoccupations. Depuis plusieurs années, vous m’avez fait confiance. Sans votre appui, j’aurais probablement abandonné plusieurs causes qui me tiennent à cœur. Mais, vous avez été là. Je me dois de vous parler avec vérité aujourd’hui.

Depuis quelques années, une rumeur circule dans le monde médiatique. J’aimerais confirmer cette rumeur, ce secret de polichinelle qui vient particulièrement à mes oreilles en ces temps douloureux et déchirants de crise.

Voici donc ma vérité.

2008. J’ai 17 ans. Je suis agressée sexuellement par mon patron, un baby-boomer de gauche que tout le monde admire, moi la première. Je viens de terminer mon secondaire cinq. Je suis une jeune fille allumée, fonceuse et idéaliste. Je n’ai peur de rien. J’ai pour idole un être charismatique, intelligent et engagé. C’est mon boss, il s’appelle Michel Venne. C’est un intellectuel, journaliste et fondateur de l’Institut du Nouveau monde, une organisation politique de participation citoyenne. Je travaille pour l’organisation le temps d’un été. Je me sens vraiment cool et très choyée. Advient un événement spécial où des centaines de jeunes se rassemblent pour «refaire le monde». La surprise, j’ai droit à une «promotion». Je dois accompagner le grand boss pendant quelques jours.

Je déchante un peu quand je constate que mon idole est étrange et déplacé.

Je déchante tout court quand je me fais agresser.

Je ne comprends pas ce qui m’arrive, je suis sous le choc. Je quitte mon emploi, bouleversée et cynique. Mon idole est mon ennemi. Je le déteste et le méprise.

À cause de lui et de sa prédation, j’ai honte, j’ai mal, je suis salie. Je perds mes illusions. Je débute le cégep troublée et en tabarnac après tout. Me demandant si ce que j’ai vécu était acceptable. Si, au fond, ce n’est pas moi le problème.

Je finis par enfouir ce souvenir douloureux. Je ne reconnais pas moi-même l’agression sexuelle vécue. Typique. Je banalise. Je me ferme la gueule, parce que je ne vois pas ce que je peux faire d’autre. Subir. Encaisser. Me taire. Faire du déni.

Les années passent. Je vieillis un peu. J’oublie beaucoup, je veux oublier beaucoup. J’ai 23 ans.

2014. C’est le mouvement Agressions non dénoncées. Mon agression me revient en tête comme un cauchemar répété. Je dois libérer ma parole. C’est viscéral.

Il y a du beau dans la prise de conscience populaire. Je m’emballe. Je dis, sur Twitter, moi aussi. Puis j’efface. J’ai un peu honte, encore. Pourquoi j’ai fait ça? Le téléphone sonne. On m’invite à une tribune médiatique. On insiste. Beaucoup. Trop. On veut donner un show. Je résiste, résiste, résiste puis j’accepte. Je parle sans nommer mon agresseur. Puis, une question qui tue. L’année. Pas capable de mentir, je bégaie, puis je dis. L’année.

Mais, les gens savent et moi, je ne sais pas qu’ils savent. Je confirme naïvement ce que plusieurs redoutent. La rumeur court encore plus. Les médias s’emballent et enquêtent. Peu importe, je ne veux rien dire.

Une année passe. 2015.

J’ai 24 ans. Je me sens invincible, à toute épreuve. Mais, le backlash…vient parfois de ceux qu’on aime profondément. Et c’est quand on se sent invincible, que la chute se fait plus brutale et violente. Parce qu’on tombe de haut.

Je reçois un appel de mon autre idole de jeunesse, Lise Payette. Que fait-on quand notre idole nous appelle? On répond et on accepte le rendez-vous qu’elle nous propose.

Elle me reçoit, gentille et avenante. Deux heures qu’elle prend à m’amadouer, me flatter, me séduire. Elle réussit.

Après deux heures de discussion, Payette change de sujet radicalement. Le ton monte.

Elle me dit que j’ai fait du tort à un ami. Cet ami, c’est Michel Venne qui brigue la direction du journal Le Devoir. Par ma faute, il n’aura pas le poste me dit-elle. J’ai « brisé cet homme, sa famille ». Elle me demande de me rétracter, car « après tout, je n’ai pas été violée ». Elle me demande de signer une lettre réfutant les faits. Car, à ses dires, je pourrais être poursuivie. Poursuivie de quoi? Avec du recul, de rien du tout. Mais, à ce moment-là, je suis en mode panique je ne vois plus clair.

J’ai le vertige. J’obéis. Je signe. Je commets l’erreur. Je réagis comme une proie devant un prédateur, encore. Je fige. Je me soumets. Je m’étais promis de ne plus tomber.

Je suis en état de choc. La première femme à avoir été ministre de la condition féminine du Québec qui agit de la sorte. C’est juste surréaliste. Je ne peux pas croire.

J’appelle ma mère, mes meilleurs amis. Je raconte ce que je viens de faire. Je suis profondément choquée après moi, après elle. J’ai perdu mes illusions. Encore.

Quelque temps après, Lise Payette perd sa job. Elle a défendu son autre ami, Claude Jutra. Je ne suis pas étonnée.

Les années passent. 2017. J’ai 26 ans. Je me méfie. Je ne fais plus confiance. J’essaie de croire, mais je suis cynique. Sauf en la force du nombre. Je ne me sens pas invincible. Je ne le suis pas. Je peux tomber, je le sais, mais je suis prête à me lancer, cette fois-ci.

Le mouvement #MoiAussi advient. Je m’emballe. C’est merveilleux. Je suis extrêmement inspirée par le mouvement de solidarité. Je n’ai plus honte. Je suis en colère. Les injustices me fâchent profondément.

Je repense à toute cette histoire et je me demande ce que j’aurais dit à ma sœur, à ma mère, à ma meilleure amie. Qu’est-ce que je dirais à ma fille ?

Je lui dirais de se défendre. Et de parler.

Je rappelle Lise Payette. Je veux comprendre. Je lui explique que je veux me rétracter, car je me suis sentie flouée, intimidée et que cette lettre n’a pas été signée dans un état de consentement réel sous la peur de menaces judiciaires potentielles. Payette reconnaît son tort et me tient un double discours. Elle a fait ça pour me protéger de moi-même(?!), paraît-il mais à d’autres moments, elle insiste aussi beaucoup sur la famille de Michel Venne. La triste vérité, c’est qu’elle a fait taire une victime en usant de menaces à peines voilées. Pour défendre un ami? Décidemment, les amis de Lise Payette peuvent compter sur son indéfectible sollicitude. Où est la lettre? Elle ne sait pas. Venne l’aurait prise, mais pour faire quoi?

L’histoire ne le dit pas, mais bon…

Tout ce que je sais, c’est que je n’ai plus d’idoles.

Hier, j’ai fait une plainte formelle à la police contre Michel Venne pour agressions sexuelles. Vous comprendrez que je ne raconterai aucun détail relatif à ce qui s’est passé pour ne pas nuire au procès.

Voici donc ma vérité que je voulais vous raconter.

Et pourquoi vous la raconter, au juste?

Je parle, parce que dénoncer, c’est un acte concret d’empowerment. J’ai pris la décision de ne plus avoir honte, de me tenir la tête haute. Parce que j’ai reçu des demandes d’entrevue. Parce que je sens une pression pour parler. Cette pression est légitime et je la comprends. J’ai mené mes combats dans l’espace public toute ma vie. Et je considère que le privé est politique. Ma prise de parole ne concerne pas que ma petite personne, elle concerne tout le monde. Parler, c’est briser la mise sous silence des victimes, c’est tenter de renverser le victim-blaming, le slut-shaming. Parler, c’est un acte politique.

Aujourd’hui, je parle, car je ne doute plus. Je suis tombée et je me relève. Je parle, parce que nos ennemis sont parfois des gens près de nous qu’on estime et j'ai la naïveté d'espérer qu'un jour, à force de dénoncer, toutes les voix pourront être entendues.

Ps: Merci à tous mes allié-e-s qui m’ont incité à briser le silence et à écrire ce mot. Vous êtes précieux.»

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Source: Facebook de Lea Clermont-Dion