Monde de Stars
Jean-François Mercier lance un puissant cri du coeur sur Facebook...
Facebook de Jean-François Mercier

Jean-François Mercier lance un puissant cri du coeur sur Facebook...

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Jean-François Mercier a partagé sur sa page Facebook un long texte qui commence déjà à faire réagir partout sur la plateforme. Il donne son avis sur les événements des derniers jours, sur la liberté d'expression et sur ceux qui l'accuse lui et les autres humoristes d'être des «bourgeois qui militent pour garder le droit de rire et d'intimider les minorités» ou d'être «solidaires parce qu'ils veulent continuer à s'en mettre plein les poches».

Voici son cri du coeur:

«Suppose ami journaliste que ton journal te dise : « On ne peut pas publier ton papier. Les humoristes contre qui tu parles achètent de la pub dans le journal. Alors, malheureusement, on ne peut pas publier ton éditorial. Tu peux dénoncer qui tu veux mais pas nos annonceurs et évidemment, convergence oblige, tu ne peux pas non plus y aller d’attaques contre nos sociétés sœurs et contre les patrons de l’empire… Ah oui et avant de publier ton article, on va le soumettre à un assureur qui va voir à ce que tes propos ne nous attire pas de poursuites potentiels… tu feras les changements qui s’imposent jusqu’à ce qu’on juge que tes propos soient complètement inoffensifs. Par contre, ne va pas croire qu’on te dit quoi dire car la liberté d’expression, c’est garant de notre belle démocratie alors continue ton bon travail. ». Ami journaliste, je crois que tu monterais aux barricades et tu serais probablement appuyé par la communauté journalistique.

Ensuite, imagine que les gestes d’appuie soient ridiculisés voire euphémisés par des gens qui te diraient des choses du genre : « Ah oui, tu crois que la liberté d’expression est menacée ici, va voir en Arabie Saoudite, tu m’en donneras des nouvelles. » Évidemment que tu te dirais mais ça n’a aucun rapport. Je parle de préserver la liberté ici. Je n’ai jamais prétendu que le Québec était la pire place au monde mais si on peut empêcher que le Québec devienne aussi totalitaire que l’Arabie Saoudite, ça ne serait pas une bonne chose ?

Des arguments du genre, ils sont où les humoristes quand il s’agissait de défendre Raif Badawi, ils sont où les humoristes quand Couillard veut passer son projet de loi 59 ? Je vais te le dire où est-ce qu’ils sont. Ils sont en train d’écouter le TVA Nouvelles et de lire le Journal de Montréal parce qu’ils veulent écrire des jokes que les gens qui vont les entendre vont avoir la référence. L’humour ça n’a pas un but éducatif. Si ça l’est tant mieux mais le but c’est bien de divertir et de faire rire. Si je pouvais faire un numéro tordant sur la loi 59, je le ferais mais j’ai comme l’impression que ça ne serait pas si bien reçu que ça par le grand public ; c’est du moins l’impression que j’ai, mais ça a l’air que je ne suis pas le seul à penser que ce n’est pas un bon sujet parce qu’il n’y a pas beaucoup d’humoristes qui traitent de la loi 59. Pourtant, je reconnais que je serais probablement un des premiers à écoper advenant que le projet de loi passe. Ils sont où les humoristes ? Ils sont dans les salles de spectacle et dans les émissions de télé à essayer de faire rire le monde ou à la maison en train d’écrire ou sur un projet caritatif. C’est là qu’on se tient.

Les humoristes comme tout le monde, nous sommes plus touché par un événement quand on a une proximité. Bien sûr que le cas Badawi est beaucoup plus grave que le cas Ward-Nantel mais ça n’empêche pas que le cas Ward – Nantel, ça me touche beaucoup plus à cause de la proximité de la même façon que quand ton meilleur chum a le cancer du pancréas, ça te touche beaucoup plus que lorsqu’un étranger a un cancer généralisé et même si l’étranger a 8 enfants à sa charge, tu vas être plus touché par ton chum, c’est la nature humaine. Ça ne veut pas dire que tu n’as pas d’empathie pour l’autre.
J’ai entendu et lu toutes sortes d’accusations sur les humoristes. « On a vu des bourgeois qui militent pour garder le droit de rire et d’intimider les minorités. » ou encore : « Nos chers humoristes sont solidaires parce qu’ils veulent continuer à s’en mettre plein les poches. » Je te le dis de l’intérieur, ça ne peut pas être plus faux. Tout ce qu’on veut, c’est de faire rire les gens. Il y en a qui te réponde : « Il y a d’autres façons de faire rire les gens. » Oui mais il y a celle-là aussi. Il y a deux choses qui font rire, la surprise et la victimisation. That’s it ! Si tu te mets à limiter les sujets et les manières de faire rire, tu limites l’humour. Évidemment, ce qu’on revendique ce n’est pas un droit d’insulter sans possibilité de réplique. Ça fait 20 ans que je pratique ce métier là et ça fait 20 ans que des avocats et divers censeurs m’enlèvent mes meilleurs gags et contrairement à ce que le monde pense, c’est très rare que je donne dans la diffamation et dans les attaques personnelles dans mon humour.

On est rendu à une époque où si Gauguin était un de nos contemporains, on lui dirait : « Tsé, les filles toutes nues, c’est réducteur à l’endroit de la femme. Peux-tu leur mettre du linge pis si dans ta toile, elle avait comme un regard concupiscent envers le gars qui chauffe le pick-up Ford, l’avocat de notre assureur serait ben content. Si on voyait clairement Ford sur le pick-up, ça serait l’idéal.» Je comprends mais c’est pas ça que je veux peindre !
Je comprends que la caissière chez Métro ou le gars qui travaille chez Canadian Tire s’en calicent de la liberté d’expression. Je ne suis pas d’accord mais je le comprends. Mais des journalistes, des gens en communication, des politiciens et même des artistes qui s’en calicent, ça, ça me désempare. S’il y a une place où on devrait se rejoindre c’est bien là !

La liberté de l’un s’arrête où celle de l’autre commence et on me dit souvent oui mais la personne qui fait rire d’elle, elle ne l’a pas choisit, ça brime sa liberté, ça peut lui causer des torts, lui faire de la peine. Donc, à ce moment là, c’est quoi la différence entre l’intimidation et la liberté d’expression. La différence c’est la possibilité de répondre. Si je dis mon voisin c’est un crisse de cave… Tu ne sais pas de qui je parle, tu n’as pas la référence donc il n’est pas attaqué. Par contre, si je nomme une personnalité connu et que je dis que c’est un gros connard et que tu sais de qui je parle, ça veut dire que nécessairement c’est qu’il a la tribune pour me répondre. J’espère que je vais pouvoir continuer de faire des blagues sur Philippe Couillard sans qu’il se sente intimidé. Ça ne veut pas dire que tu es obligé de me trouver drôle et de bon goût mais j’espère qu’on va pouvoir continuer de faire des jokes.

Dans le processus créatif, tu le sais après coup si tu es allé trop loin et même je dirais que ça prend des gens pour la transgresser la limite sinon c’est la stagnation. Le problème c’est que la limite n’est pas la même d’une personne à l’autre et n’est pas la même selon les époques. Alors, c’est très difficile d’établir elle est où la limite. Mais à tout prendre, j’aime mieux entendre et voir des choses qui ne font pas mon affaire plutôt que de ne rien entendre et ne rien voir parce qu’on ne veut pas prendre la chance que je sois choqué!»

Êtes-vous d'accord avec lui?!

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Source: Facebook de Jean-François Mercier