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À la défense des pitbulls, Jean-François Mercier lance un bouleversant cri du coeur sur Facebook
Facebook de Jean-François Mercier

À la défense des pitbulls, Jean-François Mercier lance un bouleversant cri du coeur sur Facebook

Après que la loi soit passée... :(

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Jean-François Mercier en a long à dire sur toute cette histoire entourant les pitbulls. 

Après que le maire Labeaume ait annoncé vouloir interdire cette race de chien d'ici janvier 2017 sur le territoire de la ville de Québec, il a reçu des menaces et des insultes de toutes parts. 

Certains internautes sont en total désaccord avec l'idée, alors que d'autres pensent qu'il s'agit d'une mesure de sécurité comme une autre. 

Voici ce que l'humoriste avait à dire:

«L'être humain cherche des solutions simples à des problèmes complexes. C'est la logique simplifiée à son maximum : "Tu as un problème avec les pitbulls? Pu de pitbull, pu de problème!" C'est la même logique derrière les génocides. Démoniser pour ensuite justifier des violences extrêmes parce que lorsque tu te bats contre Satan, la fin justifie les moyens. Tu auras beau arguer : "Oui mais les bons chiens là-dedans?" Dans le meilleur des cas, tu vas te faire répondre, on ne fait d'omelettes sans casser des oeufs. Dans le pire des cas, tu vas te faire répondre : "Un bon démon ça n'existe pas. Sa méchanceté est juste mieux camouflée et elle n'attend que le bon moment pour sortir. Ce n'est pas un bon chien. Il est simplement plus habile dissimulateur, plus sournois que les autres."

L'animal qui commet des génocides, l’humain, il ne faut pas s'attendre qu'il va s'enfarger dans les fleurs du tapis quand va venir le temps de régler le sort d'une espèce qu'il considère inférieure, peu importe les services qu'elle lui aura rendu dans le passé. Ce n'est pas difficile, il considère toutes les espèces inférieures. C'est d'ailleurs probablement ce qui va causer la disparition de l'espèce humaine de ne s'accorder de l'importance qu'à elle-même.

Ceux qui essaient de rationnaliser le débat sont vite rabroués. Il y en a qui suggère qu’il n’y a pas juste les pitbulls, il y a d’autres races de chien qui sont des menaces. Pas de problème, on va les bannir aussi. Ça ne peut pas être plus simple.

Présentement, il y a une hystérie sociale. Grand mal t’en prend si tu essaies de remettre les choses en perspective. Je sais qu’il y a des victimes et que c’est terrible et je sympathise énormément mais on s’entend que le pitbull, c’est loin d’être la première cause de mortalité au Québec. Tu te fais répondre des choses du genre : « 1 mort, c’est déjà un mort de trop. » Parfait alors, appliquons la même logique pour les principales causes de mortalité, les attentes dans le système de santé, les accidents de la route, les attaques sur des humains fait par d’autres humains, etc. Si la sécurité c’est ta priorité pourquoi laisser sortir de prison des multi-récidivistes ? (La vraie réponse étant probablement que si on les laisse en-dedans, nos avocats, nos juges et ceux qui gravitent autour de l’économie judiciaire n’auront pu de job.)

Et d’ordinaire c’est là qu’on te met dans une position impossible à défendre. On te raconte un cas particulier et on termine l’anecdote avec un : « Qu’est-ce que tu vas lui dire à cette fille là qui s’est fait défigurer par un de tes charmants pitbulls ? » Et là, tu fais : « Hein ? Il faut que je défende le pitbull qui a défiguré une fille ? Pourquoi je ferais ça ? Pis by the way, ce ne sont pas mes pitbulls, je n’en ai pas de pitbull ! » Je pense qu’on s’est mal compris. Je ne suis pas pour les agressions de pitbull. « Nous autres, les agressions de pitbull, on veut que ça cesse. On défend les victimes. Toi, tu défends les pitbulls. » Je ne défends pas les pitbulls. Je défends les bons chiens et je ne crois pas que de bannir la race ça soit la solution. J’amène une opinion qui est largement répandue parmi la communauté des spécialistes canins que de bannir la race ça ne règlera rien. Je l’amène de manière respectueuse et polie et en prenant bien soin de ne pas manquer de respect aux victimes mais ceux qui ont une expertise des chiens ne pensent pas que c’est la solution.

D’ordinaire, c’est là que les insultes embarquent. T’es un imbécile ! Ça crie : « Il y a une femme qui est morte mais toi, tu t’en calices ! Ils sont dangereux tes osti de chiens ! » On te sort des affaires du genre : « Un pitbull c’est plus dangereux qu’un AK-47 parce qu’un AK-47, il ne se mettra pas à tirer tout seul sur des gens tandis que le pitbull peut décider d’attaquer par lui-même. » Honnêtement, même s’il ne tire pas par lui-même, je suis pas mal certain qu’un AK-47, c’est plus dangereux qu’un pitbull. C’est assez rare que tu vas entendre qu’un homme est débarqué dans un club gay à Orlando avec son pitbull et a fait 50 morts. Ne-non, ces osti de fous là, ce sont des guns qu’ils utilisent. Tu te dis que le débat ne peut pas stagner là et quand tu essaies de dépasser ça, tu te fais vite rabrouer.

Pourquoi les gens ont ces chiens là ? Pourquoi quelqu’un s’achète un chien comme ça ? Évidemment, on met en lumière le caractère offensif des pitbulls mais les gens qui se procure ce genre de chien, c’est beaucoup plus souvent pour son caractère défensif. Comme un de mes amis me disait et lui c’était un berger allemand qu’il avait, quand ma petite blonde promène le chien tard le soir, je ne suis pas inquiet, je sais qu’elle ne se fera pas attaquer et comme il a à s’absenter souvent, ça le rassure d’avoir cette présence là dans la maison. Se sentir en sécurité, ce n’est pas rien. Ce qu’on reproche au chien de mettre la sécurité en danger, les gens l’achètent pour la raison inverse, se sentir en sécurité.

À cause de mes statuts plusieurs propriétaires de pitbull m’écrivent pour me remercier de prendre leur part. Ils ont très souvent une belle plume, une orthographe impeccable, des gens qui s’expriment avec aisance, du moins à l’écrit. Je me demande pourquoi que lorsque je vois un propriétaire de pitbull dans les médias, c’est plus souvent qu’autrement quelqu’un malhabile en communication comme si délibérément, ils avaient choisi le pire représentant du point de vue adverse parce que ça c’est l’autre affaire, tu mets un spécialiste malhabile en communication contre quelqu’un qui ne connaît rien mais qui maîtrise les communications, l’expert en comm va toujours gagner le débat. C’est un peu l’équivalent de faire débattre Georges St-Pierre avec Albert Einstein sur la théorie de la relativité avec le droit de se frapper. Einstein a beau connaître son affaire…

C’est là que j’en viens à parler des média. Quand j’étais jeune les médias n’étaient pas comme ils sont aujourd’hui. Évidemment, ils donnaient aussi dans le sensationnalisme mais où c’était vraiment différent c’est qu’ils rapportaient la nouvelle par rapport à aujourd’hui où souvent les journalistes la créent. Avant aussi, pour qu’une nouvelle soit rapportée, il fallait qu’elle soit vraie. Il fallait même la vérifier avant de l’émettre. Tu t’imagines le trouble que c’était. Aujourd’hui, une perception devient une nouvelle. Mercier sème la grogne chez les internautes. Quand dans le fond, la réalité c’est les médias crissent le feu, l’alimentent et couvrent l’incendie. Ensuite, ils viennent te voir pour recueillir tes propos et sympathisent avec la perte que tu as subi en te disant : « Ouan, c’était vraiment n’importe quoi cette affaire là ! »

Avant la profession de journaliste c’était noble et ça, c’est sans parler des journalistes d’enquêtes qui plus souvent qu’autrement risquaient leur vie. Disons qu’aujourd’hui la profession a perdu de son lustre. Comme artiste, on est aux premières loges pour savoir que les journaux c’est n’importe quoi parce que souvent nous sommes cités entre guillemets et on n’a jamais parlé au journaliste. Souvent, on va omettre certaines informations et mettre l’accent sur d’autres qui ont plus odeur de scandale, on va sortir les propos de leur contexte où tu vas faire une entrevue d’une heure et tu vas parler 1 minute d’un sujet et l’article au complet va être sur cette minute là. Je pourrais vous donner plein d’exemple mais ultimement, ce n’est pas grave parce que c’est du « Arts et spectacles ».

Mais là, où les médias sont vraiment dangereux, c’est pour créer la peur, une peur inconsidérée et la peur engendre la haine et la haine engendre la violence et la violence engendre la peur. Ils le savent et ils le font délibérément. C’est exactement ça qui se passe dans le dossier pitbull. C’est une peur provoquée par le martèlement médiatique. Combien d’entre vous s’inquiétaient des pitbulls il y a deux semaines ? Je suis pas mal certain que le problème était aussi grand il y a deux semaines. Notre bon père de famille à la mairie de Québec, je ne crois que ça faisait partie de ses grandes préoccupations les pitbulls il y a deux semaines de la façon que le règlement est bâclé : tu as 6 mois pour faire tuer ton chien parce que c’est bien connu que les bons pères de famille quand ils réalisent que le chien, ben ça a des dents ça, ils font tuer le chien des enfants. Y’as-tu mordu le chien, il démontre tu des signes d’agressivité ? Non mais on prendra pas de chance ! « Ben moi, mon chien est gentil et je crois… » Ta yeule, tu as 6 mois ! Oui mais le jeune en chaise roulante que son chien lui vient en aide pour sa réadaptation ? « C’est tu un pitbull ? Oui ! Il a 6 mois ! »

Il y a une femme qui se fait tuer par un pitbull et c’est terrible. C’est une vraie personne avec une vraie famille. C’est terrible ! Les média embarquent parce que c’est sensationnel, dévorée par un pitbull ! Les journalistes sont content parce que là, ils servent à quelque chose. Ce n’est pas ça qu’ils montrent mais ils sont contents. L’adrénaline embarque. On sort les statistiques sur les attaques de pitbulls, les éditoriaux, les lignes ouvertes, à grands coups de statistiques, crédibles ou pas, et là, la peur embarque. Ok, on était assis sur de la dynamite et on ne le savait pas ! Le climat est tendu. On pointe les propriétaires de pitbull et ceux que j’ai vu dans les médias étaient en train de me convaincre d’éliminer la race comme s’ils avaient été « castés » pour mal paraître. La tension monte et ça crée un climat propice à d’autres attaques parce qu’un maître nerveux, ça fait un chien nerveux. Les journalistes sont prêts. Ils le savent que ça va arriver. Et en effet, ça arrive. Ils couvrent l’événement sans rien remettre en question. Et là, beaucoup de personnes font : « Je ne sais plus quoi penser. Je n’étais pas pour l’interdiction de la race mais là, je ne sais plus, avec tout ce qu’on voit... » Et ça continue. Ça polarise l’opinion publique. La haine des pitbulls s’installe et par ricochet la haine des propriétaires de pitbull. Rendu là, c’est tout simplement impossible de voir les choses en perspective parce que le climat est à l’hystérie collective et ça n’a plus de sens commun avec le danger réel. Comme une amie me disait, son pitbull croisé avec on sait pas quoi de 30 lbs sème la terreur sur son passage. Les gens changent de trottoir. Même moi, je suis nerveux de marcher mes deux tartes, berger Shetland et berger australien. Je me dis : « S’il fallait qu’il arrive quelque chose… »

Les médias s’entretiennent entre eux. Ils me font penser à mes chiens. Il y en a un qui jappe. L’autre ne fait ni un, ni deux. Il se met à japper, persuadé qu’il y a un danger. L’autre se sent conforté : « Ok, je ne capotais pas pour rien ! » Il se met à japper de plus belle, ce qui entraîne l’autre et ainsi de suite! C’est la débandade ! Le niveau d’anxiété est à son max. Quand je vais voir à la porte, la plupart du temps, il n’y a rien.

Dans un climat de peur comme ça, est-ce qu’on est vraiment surpris d’apprendre que des propriétaires de chien ont reçu des menaces anonymes leur empressant de se débarrasser de leur animal et ça, malgré ce que les médias en pensent, un humain qui a peur et qui est dans la haine au point de proférer des menaces est beaucoup plus dangereux qu’un chien. Le climat de peur s’accentue et les journalistes se frottent les mains. Ils sont contents : « Hein, on ne jappait pas pour rien ! »

Si jamais tu essaies de faire entendre une voix discordante là-dedans, tu te fais sortir des affaires du genre et ça, c’est formidable : « Je te souhaite de te faire mordre par un pitbull pour que tu finisses par comprendre. » Tu veux éliminer tous les pitbulls sans aucune forme de procès pour éviter que des gens se fassent mordre mais tu me souhaites de me faire mordre par un pitbull parce que tu ne supportes pas de te faire contredire. Si tu fais la projection de ta propre personnalité sur les autres, je comprends pourquoi tu veux éliminer les pitbulls.

Je ne crois pas que ça serait une mauvaise idée de faire une réflexion sur le pouvoir médiatique. Oui, je suis pour le droit à l’information mais quand celui qui informe participe à la création de la nouvelle, il n’y a pas un problème d’éthique ?

L’information a toujours été un spectacle mais on dirait que ça a basculé. Maintenant c’est rendu un spectacle informatif, le show des nouvelles. C’est devenu un genre de télé-réalité où les scripteurs au lieu d’essayer de trouver des situations pour inciter les participants à fourrer dans le bain tourbillon, ils mettent leurs énergies à trouver des manières de diviser les gens de façon à ce qu’ils se tapent sur la yeule comme ça, ça leur fait de quoi d’intéressant à couvrir et évidemment, en prenant bien soin de se désoler de la situation comme s’ils n’avaient pas eux-même allumé la mèche.»

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Source: Facebook de Jean-François Mercier