La Cour suprême annoncera aujourd'hui sa décision.
C'est ce matin que nous saurons finalement la décision de la Cour suprême dans l'affaire opposant Mike Ward à Jérémy Gabriel. Et plusieurs professionnels de l'humour attendent de pied ferme cette décision, qui pourrait donner des limites au type de blagues qu'ils ont le droit de faire.
« Ce sera un arrêt très important sur la liberté d’expression humoristique, et peut-être même pour la liberté d’expression en général », fait savoir au Journal de Montréal Me Walid Hijazi, qui représente l’Association des professionnels de l’industrie de l’humour.
La Cour suprême aura enfin le fin mot de l'histoire entre le chanteur et l'humoriste.
Rappelons qu'en 2010, Mike Ward avait fait un numéro sur le « petit Jérémy » dans l'un de ses spectacles. Le chanteur était encore adolescent à l'époque et le public le connaissait surtout pour son spectacle devant le pape Benoît XVI.
Mike Ward avait consacré plusieurs gags sur le chanteur, en voulant dénoncer les « vaches sacrées » dont il est interdit de rire. Il avait notamment ri de sa maladie, le syndrome de Teacher-Collins, qui déforme le crâne et le visage, en plus d'entraîner une surdité partielle.
Ainsi, une plainte avait été déposée et le Tribunal des droits de la personne avait condamné l'humoriste en 2016 à payer 35 000 $ au jeune chanteur. Mike Ward avait ensuite porté la cause en appel, et le tribunal avait alors confirmé la décision, en annulant toutefois le paiement à la mère du chanteur.
« Limiter la liberté d’expression, dans une société de cancel culture, aurait un effet de frilosité, plus personne n’oserait parler », a par la suite plaidé l’avocat de Ward, Julius Grey, devant la Cour suprême du Canada.
Si la Cour suprême donne raison au chanteur, cet arrêt pourrait engendrer un bouleversement majeur dans l'industrie de l'humour.
« On souhaite que le terrain de jeu des humoristes soit le plus vaste possible. Les humoristes ont toujours cherché à agiter, à provoquer, à créer de l’inconfort, en plus de faire rire. C’est le propre de l’humour », a expliqué Me Hijazi dans des propos repris par le Journal de Montréal.
Si le plus haut tribunal au pays tranche en faveur de Jérémy Gabriel, des humoristes pourraient avoir à pratiquer l'autocensure pour éviter d'être condamné devant un tribunal.
« L’intention de l’humoriste n’est pas de heurter le sujet d’une blague, mais de faire rire. C’est une forme d’expression très particulière ».
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