Monde de Stars
Le bouleversant message d'une amie d'Hugo St-Cyr

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Les hommages et les messages d'amour ont plu sur Hugo St-Cyr suite à son décès jeudi dernier.

Ce matin, sur sa page Facebook, une amie de ce dernier a partagé un bouleversant hommage au comédien.

Dans un billet de blogue intitulée "Le regard d'Hugo", la blogueuse connue sous le nom de Mad Amesti raconte sa relation avec le passionné de musique, passion qu'elle partageait avec lui.

Difficile de retenir ses larmes en lisant la lettre, on vous avertit!

"J’avais 16 ans quand on s’est connu. Je venais de commencer le CEPEG Saint-Laurent en musique et lui il jouait toujours dans Watatatow tout en jazz drummant à gauche à droite. Nos parents sortaient ensemble et à ce moment là, ça m’impressionnait pas mal d’avoir Michel Couillard comme demi-frère. Ça avait été un genre de coup d’foudre, nous deux. On s’était bien entendu dès le départ, on partageait la même passion : fumer des bats en écoutant/jouant d’la musique, passion simple d’adolescents. (Toujours en vigueur aujourd’hui.)

Je connaissais pas vraiment le jazz à l’époque, j’étais une clarinettiste classique. Je savais pas jammer, trop prise dans mon carcan de partitions et de gammes. Hugo me talonnait : «Enweille amène ta clarinette là, on va jammer.»

Et je le faisais. On jammait dans le sous-sol avec son père, deux drum une clarinette, c’était free jazz pomal.

À Noël cette année là, Hugo m’a offert ce qui allait devenir un album culte dans ma vie, mon premier album de jazz : Miles Davis, Ascenseur pour l’échafaud. J’me rappellerai toujours la première fois que je l’ai écouté. J’étais seule à la maison, j’avais fumé un bat, j’ai mis l’album, j’me suis assise sur le divan et j’ai écouté l’album au complet sans bouger, complètement absorbée par cette ambiance feutrée et énigmatique, une épiphanie j’vous dis. Y’a AUCUN album que j’ai écouté plus dans ma vie que celui-là, j’en connais chaque note, chaque souffle, chaque petit morceau de lèvres de Miles détaché de sa bouche qui vibre dans l’embouchure. Et même après 20 ans, chaque fois que j’en entends des notes, je pense à Hugo.

Puis un jour, nos parents se sont séparés et on s’est perdu de vue. Ainsi va la vie comme qui disent.

On s’est retrouvé après plusieurs années grâce à facebook, comme tout l’monde. On s’écrivait de temps en temps, et un certain dimanche d’août, il m’a invitée à aller voir le Big Band de la casa au House of Jazz.

Je vous le recommande chaudement, c'est à chaque dernier dimanche du mois et vous pourrez y entendre des musiciens extraordinaires, les meilleurs jazzmen-women de Montréal. Hugo avait joué, je pense que c’était la première fois depuis longtemps parce qu’à ce moment là il se remettait de son premier combat.

Après le show on est tous allés à la casa obscura et depuis ce jour, ma vie n'est plus la même.

- On va à la casa après l’show tu viens-tu?

- C’est quoi ça la casa?

- C’t’une place pour toé ça, tu vas capoter.

J’ai capoté.

La casa est devenue mon deuxième salon, la place où j’peux simplement vivre sans m’poser d’questions, elle m’a fait dépoussiérer ma clarinette et je peux affirmer hors de tout doute que c’est là que j’ai vécu mes plus heureux moments de la dernière année. Hugo passait de temps en temps, quand il était assez en forme. Il me disait souvent combien il était heureux de mon intégration dans la place et je l’ai remercié trop de fois de m’avoir amenée là. On a pu jammer quelques fois, heureusement.

À chaque moment de ma vie où j'ai côtoyé Hugo, il m'a ouvert une porte sur un monde que je ne connaissais pas, et à chaque fois l'effet a été comme si j'avais attendu toute ma vie au pied de cette porte pis que ça prenait juste quelqu’un qui vienne tourner la poignée pis qui me dise «entre» en souriant.

J’ai lu quelques trucs que des artistes ont dit à propos de lui hier, et ça revenait souvent qu’il était très charismatique. C’est tellement vrai, ça n’avait pas changé avec les années, tout l’monde aimait ce gars-là. Il s’intéressait à tous, posait beaucoup de questions et était super attentif. C’était le gars que tu l’sais que dans un party c’est à côté d’lui qui faut qu’tu tiennes si tu veux être dans le spot cool. Et je pense pas me tromper en disant que c’était définitivement un chouchou de la casa.

La dernière fois que je l'ai vu, il était à l'hôpital en train de subir un traitement intensif de chimio. Y'était pas fort mais y'était là, tanné, épuisé, révolté. Mais malgré tout, confiant et combattif.

On a écouté Miles Davis Ascenseur pour l'Échafaud, j'y ai roulé un bat pis on l'a fumé dehors, on a ri.

Et je ne l'ai plus revu.

Je regrette sincèrement.

Hugo, avec son regard toujours bienveillant et plein de douceur.

Sa p'tite cicatrice sul bord de l'œil qui lui donnait donc l'air sage.

Pis son grand sourire, ce sourire là…

Hier soir, on était une gang à t’pleurer à la casa. On a écouté ton album en boucle, pis quand on l’écoutait pas, on a joué d’la musique. D’la crisse de belle en plus, dans laquelle chaque note et chaque silence t’étaient destinés.

Merci d’avoir existé, d’avoir été une des personnes qui a fait une grande différence dans ma vie, merci pour toute ta gentillesse et ton écoute.

Repose en paix man, loin de la souffrance et veille sur nous, qu’on fausse pas trop.

(Dis-je en écoutant Miles Davis-Ascenseur pour l’échafaud.)

xx"

La blogueuse n'est pas la seule à avoir rendu hommage au comédien... La chanteuse Mathilde Laurier a quant à elle repris la chanson de Watatatow de touchante façon, vous pouvez l'écouter en cliquant sur l'image ci-dessous.[pub]


Source: Facebook